Les premiers responsables des partis formant la CNLTD vont se rencontrer aujourd'hui dans le but de définir des perspectives de riposte" et "les actions de rue ne sont pas à écarter". Des membres de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD) ont répondu, hier, du tac au tac au directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, qui, vendredi, n'a pas fait de détour pour signifier un rejet catégorique de la proposition d'aller vers une transition démocratique. Pis, l'ancien Premier ministre est allé jusqu'à reprocher à l'opposition de s'adonner à des "manœuvres" et, pour mieux la discréditer, n'a pas hésité à faire l'"amalgame" entre la transition proposée et la période difficile vécue par le pays durant les années 1990. "L'Algérie d'aujourd'hui est un Etat aux institutions démocratiques et n'a nullement besoin de période de transition. L'option d'une période de transition brandie par ceux ayant préféré boycotter ces consultations se veut l'une des plus dangereuses formes d'opposition à l'appel de la présidence de la République à la participation au dialogue sur la révision constitutionnelle", a-t-il dénoncé non sans en rajouter une couche en assénant : "Le pays avait auparavant payé un lourd tribut aux surenchères et manœuvres politiques à l'origine de plusieurs années d'une terrible inertie." L'opposition s'est-elle pour autant laissée démonter par la philippique d'un Ahmed Ouyahia, un temps en disgrâce avant d'être rappelé aux affaires à la veille de la dernière présidentielle ? Apparemment, non. Athmane Mazouz, responsable de la communication du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a rétorqué tout aussi sèchement : "Ouyahia est dans une partition qui signe son conditionnement définitif. Il est le parfait missionnaire du clan qui cherche à donner l'illusion de tuteur. Sa sortie est un aveu d'échec et les Algériens n'oublieront pas de sitôt que ces déclarations viennent d'un homme qui a institutionnalisé les fraudes électorales, exécuté tous les coups bas portés à une démocratie balbutiante et raté toutes les occasions pour la stabilité de la nation dans le seul souci de complaire au clan dominant." "Ouyahia feint d'ignorer ce que propose l'opposition dans son document portant sur la transition démocratique pour ne pas désavouer le suzerain. Pour nous, ses propos ont permis de mettre à nu, encore une fois, les intentions cachées d'un clan qui s'est imposé par la force à tout un peuple." Pour le responsable du RCD, le rejet par Ahmed Ouyahia de l'offre faite par l'opposition a tout d'"une fuite en avant, porteuse de tous les dangers". "La stabilité et le salut du pays ne peuvent s'accommoder d'institutions soumises et illégitimes", a-t-il asséné. Le même air indigné est affiché par Zinedine Tebbal, chargé de la communication au MSP, qui n'a pas été, lui aussi, tendre avec le directeur de cabinet de Bouteflika. "Au lieu de donner un bilan des consultations sur la révision constitutionnelle, qui sont au vrai un monologue mené avec les clientèles qui ont fait campagne pour Bouteflika, il (Ouyahia) a mis à profit sa sortie publique pour critiquer l'opposition regroupée au sein de la CNLTD", s'est-il emporté. Pour lui, Ouyahia est "mal placé pour faire une leçon de démocratie" à l'opposition. Les institutions du pays sont loin d'être démocratiques du fait qu'"elles sont élues avec moins de 20%, sans parler de fraude". "À l'entendre parler, on se croirait dans un pays qui a 120 ans de pratique démocratique. Depuis 1962, un seul et même parti gouverne, le FLN. Il n'y a jamais eu d'alternance au pouvoir", ajoute-t-il, non sans rappeler que la CNLTD a préparé "une plate-forme consensuelle pour engager un dialogue sérieux avec le pouvoir afin d'aller vers un changement pacifique". Le hic est que le pouvoir ne veut pas entendre parler de transition. "Le pouvoir peut faire la sourde oreille, mais pour combien de temps ?", s'est-il interrogé. En tout cas, les premiers responsables des partis formant la CNLTD vont se rencontrer aujourd'hui dans le but de définir, explique M. Mazouz, "des perspectives de riposte" et, ajoute-t-il, "les actions de rue ne sont pas à écarter". Nom Adresse email