Rencontré une heure avant le match, se dirigeant au stade Arena da Baixtada, Ali Atoui, ancienne gloire du football algérien, est partagé. "Je suis optimiste du cœur et pessimiste de la raison", répondra-t-il à notre question relative au pronostic avant le match contre les Russes. Pour le coup, le cœur l'aura donc emporté sur la raison de cet ancien footballeur de génie et emblématique figure à Annaba puisque la qualification est acquise. Une chose est sûre : les dieux des stades ont exaucé les prières des milliers de supporters qui scandaient avant le match : "Inch'Allah ya Rebbi Dzaïr qualifiée." Mais à quel prix ! La partie entre Algériens et Russes au stade Arena da Baixtada est un voyage au bout du suspense. Avant l'ouverture des portes du stade, les supporters algériens prennent déjà le dessus sur leurs adversaires russes avec une plus grande présence numérique et plus d'effusion question sons, couleurs. "One, two, three, viva l'Algérie", criaient les supporters aux visages grimés aux couleurs vert et rouge, en traversant les boulevards de la ville de Curitiba pour rallier le stade. Les uns soufflent à pleins poumons dans leur vuvuzela, les autres battent à toute volée sur des tambours, créant ainsi une véritable fiesta à laquelle les Brésiliens, qui ont le rythme dans l'âme, se sont joints spontanément en lançant : "Viva Argelina". Au moment du top départ donné par l'arbitre, les travées du stade sont quasiment acquises aux Verts face à des Russes clairsemés et discrets. Mais cette chaleur dans les tribunes va bientôt être suivie d'une douche froide pour les Algériens. Première offensive des hommes de Capello et premier but dans les bois de M'bolhi pris au dépourvu. Et le doute s'installe dans les tribunes à mesure que les Russes, galvanisés par une ouverture de score inespérée, récitent leur football, face à des Brahimi, Feghouli et Slimani encore à la recherche de leurs marques. La première mi-temps, un calvaire qui se termine sur un ascendant des Russes. Déprime collective chez les supporters des Verts qui pensent déjà au retour à Alger. Finie la pause café. Retour des joueurs sur le terrain. Dans un sursaut collectif, les supporters des Verts enflamment les tribunes, et donnent alors du jus aux camarades du petit lutin Brahimi qui retrouvent enfin leurs pieds et posent enfin leur jeu. Un retour en force qui se traduira par une faute sur Djabou, suivie juste après du heading de Slimani qui fait mouche. Et tout bascule alors. De nouveau le délire dans les tribunes où s'enchaînent "one, twoo, three, viva l'Algérie" avec "Allah Akbar, Halilhodzic" ou encore "Palestine Echouhada". Et cet échange entre joueurs sur le terrain et supporters dans les travées se prolonge jusqu'au coup de sifflet final de l'arbitre. Et c'est le délire collectif. Des larmes de joie, des accolades entre supporters algériens et brésiliens. Sur le terrain certains joueurs s'affalent, d'autres prient, d'autres encore trouvent assez de ressources pour venir communier avec les supporters portant ensemble un grand drapeau algérien. La fête ne fait que commencer puisqu'elle se poursuivra en chants et en danses et photos souvenir sur le chemin du retour vers les bus. Deux heures après la fin du match, la ville de Curitiba est toujours soumise au spasme de la victoire algérienne, mais avec un service d'ordre qui veille au grain pour prévenir tout dérapage. Avec les Algériens, on ne sait jamais, surtout quand ils font la fête. Vingt-deux heures locales, soit 2 heures du matin heure algérienne, une enfilade de 47 bus à bord desquels sont embarqués les supporters à destination de Comboriu, vers le nord du Brésil "Obrigado Curitiba" (merci Curitiba), lit-on sur une banderole déployée sur un bus par les supporters algériens pour lesquels cette ville rimera désormais avec exploit. Un peu comme Gijon en Espagne en 1982. Mais cette fois-ci plus haut et plus fort. O. O. Nom Adresse email