Le coût des subventions dans la région Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (Moan) est très élevé. Selon une étude du Fonds monétaire international (FMI), en 2011, les subventions énergétiques avant impôts ont coûté 236,5 milliards de dollars, soit 48% des subventions mondiales (8,6% du PIB régional). Elles se sont élevées à 204 milliards de dollars (8,4% du PIB) dans les pays exportateurs de pétrole et à 33 milliards de dollars (6,3% du PIB) dans les pays importateurs. Pour 2012, les estimations disponibles pour le diesel et l'essence indiquent que les subventions avant impôts pour ces produits, qui représentent, à elles seules, environ la moitié des subventions énergétiques dans la région Moan, ont atteint 3,8% du PIB régional. Les subventions alimentaires sont répandues aussi, mais elles sont bien moins coûteuses (environ 22 milliards de dollars ou 0,7% du PIB en 2011). L'étude a expliqué qu'étant donné le sous-développement des dispositifs de protection sociale, les pays de la région Moan recourent excessivement aux subventions généralisées pour soutenir les revenus réels et lutter contre la pauvreté en appliquant des prix abordables pour les produits de grande consommation, ainsi que pour protéger la population des chocs causés par les fortes variations des cours des produits de base et les fluctuations du taux de change. Cependant, les subventions sont souvent inefficaces et ne profitent pas aux pauvres. "Les subventions généralisées aux prix, qui constituent le type de subventions le plus commun dans les pays de la région Moan, ne sont ni bien ciblées ni rentables en tant qu'outil de protection sociale", souligne l'étude. Elles profitent peut-être aux pauvres dans une certaine mesure, "mais les riches en sont les principaux bénéficiaires, car ils consomment davantage de biens subventionnés, en particulier les produits énergétiques", estime le FMI. Par ailleurs, les subventions, en particulier aux produits énergétiques, ont un coût économique en faussant les prix relatifs, ce qui favorise la surconsommation et la mauvaise affectation des ressources. Les subventions découragent aussi l'investissement dans le secteur de l'énergie et encouragent la contrebande et le marché noir, ce qui peut entraîner des pénuries des produits subventionnés. Enfin, les subventions nuisent à la croissance. Elles pèsent à long terme sur le potentiel de croissance en faussant les prix, en réduisant l'investissement dans les secteurs à forte intensité de main-d'œuvre et économes en énergie, en évinçant les dépenses productives consacrées au capital humain et physique et en accroissant les inégalités du fait de l'inefficience de l'aide apportée aux pauvres. L'étude indique que les pressions budgétaires ont conduit à une vague de réformes, principalement dans les pays importateurs de pétrole. Depuis 2011, l'Egypte, la Jordanie, la Mauritanie, le Maroc, le Soudan, la Tunisie et le Yémen ont accompli le plus de progrès dans la réforme des subventions. Les réformes ont mis l'accent sur l'augmentation des prix des carburants et des tarifs de l'électricité, moins sur les subventions alimentaires, du fait de leur coût budgétaire relativement faible et de leur forte sensibilité sur le plan social. ` Les pays exportateurs de pétrole ont accompli des progrès également, même s'ils ont été plus limités. Comme les pressions budgétaires sont aujourd'hui moins évidentes dans de nombreux pays exportateurs de pétrole, la réforme des subventions n'y semble pas encore urgente, mais elle est de plus en plus envisagée. En 2010, l'Iran a engagé une vaste réforme des subventions, qui se poursuit. La même année, l'Arabie saoudite a relevé le prix moyen de l'électricité pour les usagers autres que les ménages. Plus récemment, le Bahreïn, Dubaï et le Qatar ont commencé à relever les prix des carburants et de l'électricité afin d'alléger la charge budgétaire et de s'attaquer aux distorsions économiques, tandis que le Koweït envisage d'éliminer les subventions au diesel. La politique budgétaire est de facto procyclique et le déficit primaire hors hydrocarbures se situe bien au-dessus de son niveau viable à long terme, ce qui implique une épargne publique nette négative à longue échéance estime le FMI. L'étude soutient que les subventions totales avant impôts en Algérie sont plus élevées que les dépenses dans la santé ou l'éducation. M. R. Nom Adresse email