Aujourd'hui, les pilleurs de corail semblent défier les autorités en se dotant de bateaux hautement sophistiqués pour mieux sévir sur la faune. Les gardes-frontières d'El-Ayoun (El-Tarf), en patrouille de routine sur la bande frontalière, ont découvert, la semaine dernière, pas moins de 80 filets de pêche de corail dissimulés en pleine nature. Une découverte qui dénote l'ampleur qu'a pris le phénomène du braconnage du corail dans la région côtière de l'extrême est du pays. En effet, nul n'ignore que les très riches jardins de corail allant de Collo (Skikda) à El-Kala (El-Tarf) en passant par le plan d'eau d'Annaba font l'objet d'une déprédation effrénée, malgré la vigilance observée par les services de sécurité. Aujourd'hui, les pilleurs de corail semblent défier les autorités en se dotant de bateaux hautement sophistiqués pour mieux sévir contre la faune aquatique, comme le signalent des marins pêcheurs écœurés par la tournure des évènements. Les propriétaires de ces embarcations auraient une mission toute simple : prospecter au moyen de balises électroniques les récifs coralliens faciles à exploiter et les signaler aux plongeurs moyennant bakchich, expliquent nos sources. Par la suite, les plongeurs clandestins se rendent dans les zones indiquées à bord de barques non enregistrées au niveau de la station maritime des gardes-côtes de l'Est. Des embarcations, qui sont toujours accostées au niveau des abris de pêches des plages Chapuis, Toche et Belvédère, sous l'œil complice de tout le monde. Des propriétaires des complexes touristiques et des professionnels de la mer souhaitent que les gardes-côtes de la maritime de l'Est procèdent à l'assainissement de l'environnement particulièrement pollué qu'est devenu le littoral annabi, où des malfrats se comportant comme de vrais pirates des temps modernes écument le plan d'eau. "Nous assistons, dans cette wilaya, à une multiplication des embarcations de fortune. Qu'un citoyen vienne à construire illicitement une baraque pour s'abriter, on peut trouver matière à justifier son geste. Mais lorsque nous avons affaire à la confection d'embarcations destinées aux pirates et aux harragas, cela devient un crime organisé", s'indigne ce vieux pêcheur. Pour cet autre homme de la mer, il ne fait aucun doute que les trafiquants ne craignent plus rien ni personne. Des ateliers s'affairent, depuis un certain temps, à la fabrication d'un type nouveau de chalutiers, à fond plat et d'une longueur dépassant parfois les 15 mètres, différents de ceux de 10 mètres de longueur dont la charge est limitée à une vingtaine de harragas, tout au plus. Le matériau utilisé pour ce genre de "réalisation" s'avère lui aussi d'origine douteuse. Le bois utilisé est en fait récupéré depuis les chantiers de travaux publics, à savoir les madriers et autres troncs d'arbres d'eucalyptus ayant servi d'échafaudage lors des travaux de construction et qui sont utilisés pour la fabrication d'embarcations de fortune à même de transporter une trentaine de jeunes candidats à l'émigration clandestine à la fois. "Devons-nous énumérer les pirates, les passeurs et leur clientèle potentielle pour que les services concernés daignent enfin intervenir et faire appliquer la loi à l'encontre des marchands de la mort ?", témoigne notre interlocuteur. B. B. Nom Adresse email