“Il sera relancé après les élections�

Khelil sur l’avant-projet de loi sur les hydrocarbures

La compagnie nationale affiche un nouveau record : 7 milliards de dollars de recettes au cours du premier trimestre 2004. Reste à savoir si cet argent sera bien utilisé et au profit en particulier de la majorité de la population.
Le ministre de l’Énergie a abandonné sa prudence, à l’issue de la séance de présentation, hier, du bilan de Sonatrach au cours de l’exercice 2003 et durant le premier trimestre 2004, à quelques jours de l’échéance électorale du 8 avril.
Si, en guise de réponse à une question de la presse, il a rassuré la majorité silencieuse : “Sonatrach ne sera pas privatisée. Il n’est dans l’intention de quiconque de vouloir privatiser Sonatrach. Sonatrach restera la propriété de l’État.� Sur l’avenir de l’avant-projet de loi sur les hydrocarbures au cas où le chef de l’État serait réélu, il adoptera l’attitude inverse et lancera un véritable pavé dans la mare. “Il faut s’en tenir à la récente déclaration du Chef du gouvernement�, a-t-il laissé entendre. Il ajoutera sur la revue de l’énergie.
Là , c’est la grande surprise. Le dernier numéro du périodique du ministère de l’Énergie cite, en page 43, la déclaration d’Ouyahia à l’agence américaine d’information économique Dow Jones Newswires : “L’avant-projet de loi relatif aux hydrocarbures sera de nouveau à l’ordre du jour après l’élection présidentielle et pourrait même être présent au Parlement dès cette année. Ce projet sera une priorité pour le futur Exécutif dont l’une des missions essentielles sera d’accélérer les réformes visant à libéraliser l’économie nationale et à hâter l’avènement d’une véritable économie de marché.�
Il s’agit d’un virage à 360 degrés du chef de l’Exécutif qui s’était opposé vivement en tant que secrétaire général du RND à un tel texte, participant ainsi à la levée de boucliers contre le projet de loi, qui a été finalement gelé par le chef de l’État.
Revenons au bilan de Sonatrach. La compagnie nationale a réalisé une recette exportations record en 2003 : 24 milliards de dollars (résultats définitifs) dont 2,2 milliards de dollars, la part revenant aux associés de Sonatrach dans les gisements d’hydrocarbures, en croissance de 32% par rapport à l’exercice 2002.
En ce sens, le PDG de Sonatrach, M. Meziane, a souligné, au cours de sa présentation du bilan qu’il s’agit du meilleur résultat de Sonatrach depuis sa création.
En fait, c’est la meilleure recette du pays depuis l’indépendance. Le chiffre est plus important si on considère les volumes commercialisés par Sonatrach sur le marché local. Le patron de Sonatrach a ajouté dans la foulée que le chiffre d’affaires global de la compagnie nationale atteint, en fait, 25,1 milliards de dollars US, l’année dernière. C’est le fruit de l’augmentation du prix du baril, mais également, selon lui, des performances industrielles et économiques de Sonatrach.
L’effet volume a joué. La production totale commercialisée a atteint 155,7 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP) contre 144,9 en 2002, soit une croissance de 7%. Les exportations d’hydrocarbures, elles ont crû de 8%. Elles sont passées de 120,9 millions de TEP en 2002 à 130,1 millions de TEP en 2003. Sonatrach a versé au Trésor public 1 285 milliards de dinars contre 970 milliards de dinars en 2002, au titre de la fiscalité pétrolière.
Ce qui constitue également un nouveau record. Le bénéfice net de Sonatrach s’est établi à 292 milliards de dinars, soit plus de 4 milliards de dollars, en hausse donc de 67%. Sonatrach a investi, en effort propre, 324 milliards de dinars, soit plus de 4,5 milliards de dollars. L’amont a absorbé 75% de ces dépenses. Quant au premier trimestre 2004, les exportations d’hydrocarbures ont atteint en valeur 7 milliards de dollars (chiffres provisoires). Une recette également sans précédent dans l’histoire du pays. Les résultats de l’exploration, eux, sont prometteurs. Il y a eu en 2003 la mise en évidence de 7 découvertes, soit 45 millions de TEP de nouvelles réserves : trois de gaz en effort propre dans les bassins de l’Ahnet, de Gourara, de Reggane et d’Illizi, quatre d’huile par Sonatrach et les associés dans le bassin de Berkine.
Enfin, on peut regretter que la rencontre-bilan ait évacué des questions aussi importantes que la sécurité dans les installations industrielles, les efforts de réduction des coûts, la contribution de Sonatrach à l’éradication “des périmètres� de pauvreté autour des gisements et dans les wilayas où se situent les champs importants, la lutte contre les émissions de CO2 par le secteur pétrolier, la recherche…
N. R.
Faits saillants en 2003
* Montée en cadence du gisement d’Ourhoud : production de 230 000 barils/jour de pétrole à partir de mai et mise en production du gisement de gaz à condensat d’Ohanet en octobre (6 milliards de m3/an de gaz).
* Signature en décembre 2003 de cinq contrats de recherche et de prospection d’hydrocarbures entre Sonatrach et des partenaires étrangers.
* Signature de 4 accords d’exportation de gaz naturel à long terme pour un volume global de 6,5 milliards de m3/an et arrangement avec BP pour l’approvisionnement du marché britannique en GNL.
* Mise en service de la phase 1 de l’oléoduc OZ2 destiné à assurer le transport des quantités de brut résultant de la montée de la production dans le bassin de Berkine
* Entrée en production de l’usine de propylène de Tarragone en Espagne en partenariat entre Sona-trach et le groupe allemand BASF.
Synthèse N. R.