Le président iranien Mohammad Khatami a appelé les durs du régime à abandonner leurs méthodes autoritaires et s'engager sur le chemin des réformes, dans des déclarations publiées, hier, par les médias. “Si nous ne respectons pas la dignité et les droits de l'homme, nous ne pourrons jamais accomplir la justice économique”, a déclaré M. Khatami mardi soir au mausolée du fondateur de la République islamique Rouhollah Khomeiny, dans la banlieue de Téhéran. Il s'exprimait devant des milliers de fidèles à l'occasion de la commémoration du décès de l'imam Ali considéré par les chiites comme le successeur du prophète Mahomet, célébrée, hier, comme une fête nationale en Iran. “Ali était plus préoccupé par la liberté et les droits des gens que par la justice économique”, a-t-il ajouté dans une réponse voilée aux critiques des conservateurs qui l'accusent de n'avoir pas réussi à trouver une solution aux problèmes économiques du pays. “La dignité, le respect et la liberté établis par le gouvernement d'Ali n'étaient pas réservés à ses amis mais aussi à ses ennemis”, a dit M. Khatami. “Ali n'a obligé personne à lui prêter allégeance et n'a fait la guerre qu'à ceux qui l'ont poussé au conflit.” Ce discours intervient alors que la tension politique est à son comble entre les réformateurs, qui contrôlent le Parlement et la Présidence, et les conservateurs qui dominent l'appareil judiciaire et les forces de sécurité. Durant les dernières semaines, cette tension a été alimentée par les manifestations estudiantines contre la condamnation à mort de l'intellectuel Hachem Aghajari. “Dans un système de gouvernement qui considère celui d'Ali comme un modèle à suivre, toute personne doit être respectée et non pas dépouillée de ses droits”, a encore dit le président Khatami.