Cette défaillance a provoqué des perturbations et une rareté de produits de large consommation sur le marché. Les menaces de sanctions lancées par le ministère du Commerce à l'encontre des permanenciers qui refuseraient d'ouvrir leurs locaux durant les deux jours de l'Aïd El-Fitr semblent ne pas inquiéter outre-mesure les commerçants. Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'instruction envoyée par la tutelle à ses directions régionales leur demandant d'établir des listes de commerçants qui assureront une permanence pendant la fête n'a pas eu l'impact tant attendu. Preuve en est : le premier jour de l'Aïd, toutes les rues et ruelles des principales villes du pays étaient désertes. Les commerçants ont, avec un air de défi ou de revanche, préféré baisser les rideaux de leurs magasins. Ce qu'appréhendaient les citoyens s'est finalement produit. Craignant la fermeture des commerces et une rareté des produits de large consommation, ils ont pris d'assaut les boulangeries et les boutiques d'alimentation générale quelques jours avant la fête et ont constitué de petits stocks de produits alimentaires chez eux qui leur permettront de gérer cette courte phase d'indisponibilité. Pourtant, le département de Amara Benyounès a prévu des sanctions conformément à la loi qui régit les activités commerciales les jours fériés. Les contrevenants n'ayant pas assuré la permanence, sans empêchement majeur, verront, selon les dispositions de ce texte, leurs commerces fermés pour une durée d'un mois et leurs dossiers transférés à la justice pour décider du montant de l'amende qu'ils auront à payer, qui se situera entre 5 et 30 millions de centimes. Les commerçants ont fait fi des mesures et des sanctions de la tutelle et ont décidé de ne pas ouvrir. Personne ne donnait cher, en tout cas, de la réussite de cette opération de service minimum que doivent assurer les épiceries et les boulangeries... Des défaillances étaient prévisibles. Car, est-il aisé de convaincre un employé résidant à l'intérieur du pays qui n'a pas revu sa famille depuis trois mois à rester travailler et passer l'Aïd loin des siens ? Ce n'est pas une mince affaire quand on sait que plus de 70% des effectifs des boulangeries sont issus des localités de l'Algérie profonde. Une chose est certaine, le ministère a réquisitionné 15 675 commerçants pour assurer une permanence. Le nombre de permanenciers pour la fêtede 2014, répartis sur neuf DC régionales, a augmenté de près de 15% par rapport à l'année dernière. Le ministère a réquisitionné pourtant 15 675 commerçants... Blida et Alger étaient les deux DC qui devaient bénéficier le plus de cette mobilisation avec en moyenne 2000 commerçants chacune. Plus de 3000 boulangers devaient ouvrir, selon un communiqué du ministère, pendant ces deux jours fériés à travers les régions d'Alger, Blida, Annaba, Sétif, Oran, Saïda, Batna, Béchar et Ouargla. Les épiciers et les marchands de fruits et légumes mobilisés pour la circonstance étaient plus de 8200, en hausse de 16% en comparaison avec 2013. Par ailleurs, la tutelle a arrêté un listing de 883 brigades qui sillonneront diverses régions du pays à cette occasion dans le but de contrôler le bon déroulement de cette opération. L'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa) avait émis le vœu que les DC à l'échelle nationale associent les représentants des commerçants dans cette démarche. Car, explique le porte-parole de cette organisation, Hadj Tahar Boulenouar, l'administration ne connaît pas assez les gérants et les artisans de ces commerces. "Seuls les représentants des commerçants sont à même de désigner ceux qui peuvent assurer une permanence", indique M. Boulenouar. Les commerçants et les citoyens devaient être également informés de ces listes au moins une semaine avant la fête. Ce délai permettra aux concernés de se préparer et de prendre leurs dispositions en termes d'approvisionnement en matières premières et de tenter de convaincre leurs employés à assurer la permanence. Les autorités devraient rasséréner les consommateurs quant à une offre suffisante sur le marché pour tous les produits de première nécessité. Des placards mentionnant les listes de permanenciers devaient être de ce fait affichés sur les murs, à l'entrée des cités, sur les espaces publicitaires... "Un rôle que doivent assumer les APC", souligne M. Boulenouar. Or, à quatre jours de l'Aïd, cela n'a, selon lui, pas été fait. Reste à savoir si les agents chargés de contrôler le bon fonctionnement du dispositif et l'application rigoureuse du programme de permanence vont établir leurs rapports dans lesquels ils mentionneront les absents... B. K. Nom Adresse email