Si l'épicentre du dernier séisme qui a secoué la capitale est localisé à 19 km au nord-est de Bologhine, le centre de gravité de la contestation qui a suivi le tremblement de terre se situe aussi à l'ex-Saint-Eugène. Hier, ce sont des dizaines de personnes qui ont bloqué, pendant près de 4 heures, la route qui mène à Baïnem pour réclamer leur relogement dans les plus brefs délais. Reportage. Au lendemain du séisme qui a secoué Alger, les habitants des différents quartiers de Bologhine ne décolèrent toujours pas. Malgré les promesses des hautes autorités du pays pour reloger les sinistrés au plus vite, des dizaines de personnes, dont des femmes avec enfants en bas âges, ont pris d'assaut la route menant de Bab El-Oued vers Baïnem, et ce malgré la forte présence policière qui a quadrillé tout le périmètre. Ils se disent tous sinistrés ou mal logés. Abdelkrim Djedra, Bahcène Mohamed-Amine, Titah Hocine, Aïssaoui Necerddine, Slimane Moussa-Ali, Chiab Mohamed-Zine, Larbaoui Youcef, Merad Toufik ou encore Bachiri Louiza, entre autre personnes rencontrées sur les lieux de la contestation, se disent tous victimes d'une gestion "chaotique". "Nous sommes de vrais sinistrés. Cela fait des années qu'on nous promet un toit, mais on ne voit rien venir", se plaignent-ils. Sur place, la contestation est menée par des jeunes. "Nous sommes ici pour réclamer nos droits", avoue un jeune chômeur de 37 ans. "Je ne vais pas rentrer dans le gouffre où je vis avec 4 familles dans un F2", raconte-t-il en parlant du calvaire qu'il vit avec ses sœurs et ses frères. "Mes parents ont formulé des demandes depuis 1982. En vain", regrette-t-il avant de s'en prendre au maire de la localité que tout le monde accuse de "détournement", de "corruption" et de "favoritisme". "C'est un voleur qui vient de marier deux de ses enfants en leur offrant deux véhicules de luxe", lance un protestataire. Un autre l'accuse d'avoir détourné des logements destinés aux sinistrés. Aux côtés de ces jeunes, visiblement déterminés à mener la contestation jusqu'au bout, des dames occupent la chaussée que les jeunes ont fermée à l'aide de bacs à ordures. Ce sont plusieurs familles qui sont venues réclamer un toit. D'autres personnes refusent de quitter leur maison, car, dénoncent-elles : "Ils veulent juste nous faire taire en relogeant quelques familles choisies parmi les sinistrés." Sur place, les dizaines de personnes qui ont procédé à la fermeture de la rue ne sont pas les seules concernées par le relogement. Elles sont, en fait, des centaines, mais qui ont choisi de ne pas prendre part à la contestation. "Je suis, moi aussi, concerné, mais je n'ai pas voulu m'impliquer dans cette action", nous informe Djamel. Un début d'émeute "Les logements choisis pour nous reloger étaient déjà destinés à l'opération de relogement initiée par la wilaya pour ce mois-ci", nous a informé un des manifestants. Pour ces citoyens, "ce n'est qu'une nouvelle malversation des autorités pour nous calmer". Après près de 3 heures de discussion entre des officiers de la police et des contestataires pour les convaincre à désigner une délégation pour être reçue par le wali-délégué, la situation dégénère après l'arrivée des renforts des éléments anti-émeutes qui ont évacué les manifestants. L'intervention musclée de ces éléments a failli mettre le feu aux poudres. N'était la clairvoyance de quelques citoyens qui ont appelé les jeunes à la raison, la manifestation a failli tourner à l'émeute. Une dame a été violemment malmenée par la police, un jeune menace de se suicider en tentant de se jeter sur les rochers. Il aura fallu l'intervention de plusieurs personnes pour l'en dissuader. Vers 14h, les éléments des forces anti-émeute décident, alors, d'en finir avec l'occupation de la rue, en délogeant les manifestants manu militari. Plusieurs personnes ont été embarquées. M M Nom Adresse email