Notre ami Abdelmadjid Bouzidi vient de nous quitter. Il est parti avec une rare discrétion qui tranche avec le tempérament tempétueux et extraverti qu'on lui connaît. Cela peut étonner ceux qui n'ont retenu de lui que l'image d'un universitaire de haut vol et d'un débatteur redoutable. Abdelmadjid était, en effet, de la trempe de ces personnages entiers, totalement convaincus de leurs idées et prêts à les défendre, parfois même avec virulence. Mais ceux qui le connaissent un peu mieux, savent que derrière cette image se cache un homme d'un extrême retenue quand il s'agit de sa personne. Nous savions, au sein du think tank Défendre l'entreprise, que sa santé lui posait quelques problèmes ces derniers temps. Mais jamais, il n'en a fait état devant nous et a participé à toutes nos activités en y apportant son enthousiasme et sa verve proverbiale. Et c'est avec surprise que nous avons appris son hospitalisation qu'il a tenu à garder secrète le plus longtemps possible. Une pudeur qui le grandit car c'est la marque des grands hommes. La pudeur d'Abdelmadjid se conjuguait aussi chez lui avec une grande capacité d'écoute. Bien qu'il ait longtemps prôné l'idéal socialiste dans la théorie économique, il a su faire son aggiornamento en renouvelant sa pensée pour concilier les impératifs du développement économique avec le besoin de justice sociale. Cette capacité d'écoute, il l'a montrée en osant sortir de son cocon d'économiste pur pour aller à la rencontre d'autres acteurs de la vie économique et sociale. Il appréciait particulièrement la compagnie des industriels qui lui renvoyaient la réalité du terrain. Des occasions exceptionnelles pour confronter les théories et discours avec les difficultés de l'action. À cet égard, au sein de notre think tank, cette capacité d'écoute lui a permis de fournir des contributions remarquables pour éclairer sur les voies des réformes indispensables au redressement économique de l'Algérie. Nous garderons aussi d'Abdelmadjid son intégrité. Une intégrité poussée à l'extrême. Nous ne reviendrons pas ici sur le fait qu'il n'ait pas usé de ses fonctions dans les plus hautes sphères de l'Etat pour se ménager des avantages personnels. Tous les gens qui le connaissant savent qu'il menait un train de vie des plus humbles. Son intégrité se mesure surtout dans ses relations aux autres. Abdelmadjid ne trichait jamais ! Combien de fois avions-nous assisté à ses violentes sorties quand son interlocuteur affichait un comportement mesquin ou petit. Car Abdelmadjid était un homme très exigeant qui avait une grande idée de la vertu intellectuelle. Et cela, au risque de s'aliéner l'amitié de ses connaissances, même les plus longues. Abdelmadjid c'est aussi la passion. La passion de l'Algérie. Au sein de notre think tank, il a toujours défendu tous ceux qui contribuent véritablement au développement du pays, quels que soient leur statut ou leurs chapelles. En particulier, il était convaincu que c'est par la seule libéralisation de l'acte d'entreprendre que notre pays pourra réussir son décollage économique. Il rêvait, comme nous, de fédérer tous ceux qui partagent cette vision : chercheurs, entrepreneurs, politiques... Il avait trouvé au sein de Défendre l'entreprise, un cadre de réflexion propice pour porter le plus loin possible ses idées. Il s'y est engagé en y apportant toute sa fougue et son enthousiasme. Avec le départ d'Abdelmadjid, une flamme s'est éteinte. Il nous appartient à tous de la rallumer. S. S. Secrétaire général du think tank Défendre l'entreprise Nom Adresse email