Les événements se précipitent en Irak, sur les plans politique et sécuritaire, suite à la désignation au poste de Premier ministre de Haïdar al-Abadi, avec la bénédiction de l'Occident, mettant fin, ainsi, à des mois de blocage politique. Cette nomination, qui a mis fin aussi -par Américains interposés- au règne jugé autoritaire d'Al Maliki, avait été saluée par la communauté internationale car, susceptible selon elle, de contribuer au rétablissement de la stabilité dans le pays, plongé dans le chaos, consécutivement à l'inexorable avancée des terroristes de l'EI. Les Etats-Unis, engagés sur le double front politico militaire en Irak, ont pressé le Premier ministre désigné, Haïdar al-Abadi, d'aller de l'avant, pour "former un nouveau gouvernement dès que possible" en vue de mettre fin à la profonde crise que traverse l'Irak. Ils ont en outre, indiqué, qu'ils transféraient des armes, via le gouvernement irakien, aux Kurdes pour les aider dans leur bataille contre les terroristes de l'Etat islamique (EI), qui se sont emparés, depuis le début de leur offensive le 9 janvier, de pans entiers du territoire au nord de Bagdad. M. Abadi, nommé lundi par le président irakien Fouad Massoum, après avoir été choisi par le bloc parlementaire chiite, a donc 30 jours pour former son gouvernement appelé à inclure toutes les forces politiques du pays. Selon le président Barack Obama, ce cabinet doit pouvoir "représenter les intérêts légitimes de tous les Irakiens et unir le pays dans la lutte contre l'Etat islamique". Pour sa part, Al Maliki, lui, qui a été poussé vers la sortie par les Américains, s'agrippe à son poste après huit ans au pouvoir, en accusant le président Massoum de "violation de la Constitution", menée avec le soutien des Etats-Unis. Dans une allusion transparente à M. Maliki, M. Obama a appelé "tous les dirigeants politiques irakiens à travailler pacifiquement dans les jours à venir". Les Etats-Unis, ont d'ailleurs fait part que la nomination d'un gouvernement d'union en Irak, était la condition d'un élargissement de leur aide politique, économique et militaire. Al-Maliki, qui avait les faveurs de Washington, paraît, de plus en plus, isolé et critiqué de toutes parts, d'abord par les Américains qui l'accusent d'avoir alimenté l'offensive des terrorises de l'EI, en marginalisant les sunnites. Il est de plus lâché par ses alliés et des membres de sa propre coalition qui l'accusent d'avoir conduit le pays au bord du gouffre avec sa politique confessionnelle et son autoritarisme. Sans omettre de citer l'Iran, qui a aussi soutenu la nomination de M. Abadi, par la voix du représentant du guide suprême au Conseil suprême de la sécurité nationale. En revanche, Al-Maliki peut se targuer du soutien d'un certain nombre d'officiers au sein des forces armées. Le représentant spécial de l'ONU à Bagdad, Nickolay Mladenov, a appelé ces forces à ne pas s'ingérer dans le processus de transition. Sur le terrain militaire, les Etats-Unis, ont poursuivi hier leurs frappes aériennes en affirmant avoir ciblé quatre postes de contrôle de l'EI --détruisant trois d'entre eux-- et plusieurs véhicules près de Sinjar (nord) pour "défendre des civils yazidis". Les frappes aériennes sont accompagnées de largages humanitaires au profit notamment des milliers de Yazidis qui tentent de survivre entre la famine et les terroristes, dans les arides montagnes environnantes. Les Etats-Unis ont, toutefois, affirmé exclure tout envoi de troupes au sol, et confirmé le transfert des armes, via le gouvernement irakien, aux Kurdes à Erbil, qui ont repris récemment deux villes du Nord, Makhmour et Gwer, tout en perdant le contrôle de Jalawla. Le Pentagone a assuré, en outre, qu'il ne comptait pas étendre ses frappes aériennes hors de la région du nord de l'Irak. Sur un autre plan, John Kerry a indiqué que les Etats-Unis et l'Australie allaient saisir les Nations unies sur la question des terroristes étrangers qui combattent en Irak ou en Syrie, "dans le but d'obtenir le soutien des pays d'origine (des terroristes) et des pays concernés". Lui emboitant le pas, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius a demandé à nouveau hier une réunion en urgence des ministres européens des Affaires étrangères, pour que l'UE fasse de même. A. R. Nom Adresse email