Le patron de l'Africom était, de nouveau, en tournée dans les pays du Maghreb, au moment où la région vit, plus que jamais, sous la menace terroriste imposée par la situation chaotique en Libye. Le général David Rodriguez, commandant de l'Africom, a entamé sa visite par la Tunisie, pays confronté à une apparition du terrorisme, mais surtout exposé aux dangers pouvant venir du voisin libyen. Sur place, une aide de 60 millions de dollars a été octroyée à l'armée tunisienne, sous forme d'équipements de détection d'engins explosifs artisanaux et de mines terrestres, et de nouvelles embarcations destinées au ratissage des côtes, selon la presse tunisienne qui reprend le commandant de l'Africom. Outre les manœuvres communes devant avoir lieu entre les deux armées, en vue de former au mieux les militaires tunisiens dans la lutte antiterroriste, notamment en ce qui concerne les opérations nocturnes, les Américains ont décidé d'octroyer aux forces de sécurité des tonnes de gilets pare-balles, des casques et autres boucliers, selon l'ambassadeur américain à Tunis. Ce dernier a confirmé, par ailleurs, que son pays allait octroyer à la Tunisie douze hélicoptères Black Hawk UH-60M, pour l'aider dans sa lutte antiterroriste. Avec l'Algérie, la coopération a toujours tourné, officiellement, autour de deux principaux axes : la formation et l'échange de renseignements. Reçu par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et le vice-ministre de la Défense, le général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, ainsi que le chef de la diplomatie, Ramtane Lamamra, le général David Rodriguez a martelé que l'Algérie était un partenaire "important" et "nous partageons son engagement pour une Libye unifiée et gouvernée par les Libyens eux-mêmes, ainsi que pour la réconciliation et la paix au Mali". Avec le Premier ministre, il a été surtout question d'un tour d'horizon de la situation prévalant dans la région et sur ses conséquences, aussi bien sur les plans sécuritaire, humanitaire et économique. La rencontre a, par ailleurs, été "l'occasion pour les deux responsables d'insister sur la nécessité d'approfondir le dialogue et de coordonner les efforts dans la recherche des voies et moyens à même de contribuer à assurer la paix et la stabilité dans toute la région, en privilégiant les vertus du dialogue et en combattant le terrorisme sous toutes ses formes", selon le communiqué du Premier ministère. Pour sa part, le commandant de l'Africom a souligné avoir débattu avec plusieurs responsables algériens sur les "défis" de l'heure, mais aussi ceux qui risquent d'intervenir à l'avenir, dans l'objectif de "renforcer notre engagement pour un monde sécurisé et stable et surtout pour une Afrique plus prospère, plus sécurisée et plus démocratique". Abordant le phénomène du "terrorisme" et de l'"extrémisme", le commandant de l'Africom a indiqué que ce problème était "complexe" et qu'il concernait la communauté internationale tout entière et "n'est pas seulement l'affaire des forces de sécurité". Selon le général David Rodriguez, vaincre la menace terroriste passe par "un travail commun" dans les domaines de la sécurité, du développement économique et de la diplomatie. Mais, au-delà des déclarations, pour la consommation locale, force est de se poser des questions sur le rôle que joue l'Africom, cette force montée de toutes pièces par le Pentagone, et basée en Allemagne, pour prendre en charge le volet lutte antiterroriste en Afrique, notamment au Maghreb et dans le Sahel. Même si les responsables de ce corps ont de tout temps nié leur volonté d'installer une base dans la région, il n'en demeure pas moins que leur champ d'action est exclusivement orienté vers cette région. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, c'est au moment où les responsables de l'Africom multiplient leurs visites dans la région que les deux principaux conflits armés ont éclaté : en Libye et au nord du Mali. Politiquement, ce sont les Français et quelques émirats du Golfe, qui géraient la chute du régime de Kadhafi, et militairement, ce fut à l'Otan de faire le ménage. Tandis qu'au nord du Mali, ce sont les Français, secondés, par la suite, par une force de l'UA, qui ont pris les choses en main, tandis qu'Alger continuait à déployer ses efforts de médiation. On l'aura compris, l'Africom n'est pas une force d'intervention et les pays de la région verraient d'un mauvais œil son engagement militaire dans les conflits qui éclatent ici et là, mais où se situe exactement son rôle dans la situation actuelle ? Mystère ! S'il est clair qu'en matière de renseignements, aucun service au monde ne donnerait les informations de premier ordre, sauf au cas où il voudrait les monnayer, il est également clair qu'au-delà des déclarations officielles, les Américains tiennent à garder un œil sur tout ce qui se passe dans la région, à veiller à ce que rien ne leur échappe et qu'ils ont leur mot à dire, sans pour autant aller — du moins pour l'instant — à songer à une présence militaire ou un engagement plus conséquent, plus clair, dans ce qui s'y trame. A. B. Nom Adresse email