Deuxième chapitre : Les désillusions Résumé : Ihssane souffre en silence. Elle ne laisse rien apparaître, mais son grand-père, avec qui elle est très liée, l'a remarquée. En discutant à cœur ouvert, elle finit par se confier à lui. Il est peiné et lui rappelle que sa mère en souffrira. Elle décide de garder ses recherches secrètes, avec sa bénédiction... El-hadj Ahmed ne peut pas lui refuser de chercher après sa mère biologique. Il est trop vieux pour l'accompagner, alors il exige d'elle qu'elle le mette au courant de toutes ses trouvailles. Ihssane le lui promet. - Un jour, j'en parlerai à grand-mère !, lui dit-elle. Ne le fais pas à ma place !, le prie-t-elle. - Mais ne tarde pas ! Je n'ai pas l'habitude d'avoir des secrets ! Ihssane est soulagée. Elle a hâte d'être au matin pour commencer ses recherches. Elle n'a pas cessé de penser à sa mère Zina. Elle lui est reconnaissante de l'avoir adoptée. Leur amour n'aurait pu être plus fort. Elle a vécu à l'abri du besoin et, le plus important, elle a reçu une bonne éducation et beaucoup d'attention. Ses grands-parents se sont toujours occupés d'elle, avec amour. Ils ne l'ont jamais blessée. Ce n'est pas le cas de son oncle Krimo ! Elle lui en veut d'avoir touché à son intégrité morale. Il avait osé parler d'elle, en mal, persuadé qu'elle profitait de ses grands-parents. Elle comprend maintenant pourquoi le courant n'était jamais passé entre elle et ses cousins. Krimo et sa famille l'avaient toujours rejetée, car elle n'était pas de leur sang. Pourtant, elle avait été une enfant tranquille. Elle avait un caractère sociable. Depuis le fameux jour où ils avaient osé lui dire qu'elle n'était pas de la famille, elle se tenait en retrait lorsqu'ils venaient rendre visite. Elle ne s'incrustait pas dans la maison, trouvant un bon prétexte pour s'absenter et ne rentrer qu'après leur départ. N'était ses grands-parents et sa mère, elle couperait les ponts avec eux. A leurs yeux, elle était une intruse. Et depuis le mariage de sa mère, elle craignait qu'ils ne lui fassent un coup bas où elle perdrait l'estime de ses grands-parents. Krimo avait tout tenté pour les prendre chez lui, mais c'était mal les connaître. Krimo n'allait pas leur pardonner leur refus. Elle en était persuadée. Depuis l'instant où ses propos sont tombés dans ses oreilles, Ihssane a l'impression d'avoir reçu une flèche empoisonnée. L'évidence est là. Elle a sa propre mère biologique, quelque part dans le pays ou à l'étranger. Son désir de la retrouver est de plus en plus fort. Elle avait besoin de la connaître, de voir si elle avait hérité ses yeux, sa bouche, son intelligence. Elle devait recoller les morceaux du puzzle d'avant sa naissance. La jeune fille, qui n'avait jamais souffert de sa condition d'enfant adopté, a le sentiment d'avoir été tirée d'un songe. Depuis plusieurs nuits, elle découvrait un vide en elle, plein de questionnements. Sa mère biologique était omniprésente. Quand elle croise une femme ayant la quarantaine, elle la dévisage, cherchant un air familier. Cela est arrivé plusieurs fois. Maintenant qu'elle a la bénédiction de son grand-père, elle peut se lancer dans sa quête de vérité quant à ses origines. Cela ne changera rien à ses sentiments envers sa mère et ses grands-parents, car Allah l'a comblée en les mettant sur son chemin. Ihssane a reçu tant d'amour qu'elle n'en veut pas à sa mère biologique. Elle veut juste la connaître, entendre de sa bouche les raisons qui l'ont poussée à se séparer d'elle. Elle se sent prête à tout entendre, même le pire, même le rejet. Ce serait comme un second abandon. Mais elle n'en souffrira pas, car elle fermera définitivement un chapitre de sa vie avant de se tourner vers l'avenir. Si elle a la chance de la retrouver... (À suivre) A. K. Nom Adresse email