Le Premier ministre a saisi cette opportunité pour réaffirmer la solidarité de l'Algérie avec la Tunisie. L'Algérie représentée par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, était parmi les délégations de politiques, d'économistes et de financiers venus des quatre coins du monde pour prendre part aux travaux de la conférence économique "Investir en Tunisie, start-up democracy" organisée, conjointement, par la France et la Tunisie. Un grand nombre de politiciens, d'experts en économie et en finances venus d'une trentaine de pays, d'une vingtaine d'institutions financières et de fonds d'investissement et de six organisations internationales y étaient présents. À l'ouverture de la conférence, Mehdi Jomaâ a renouvelé l'engagement de son gouvernement à réussir la transition démocratique en Tunisie qui compte tirer profit de cette conférence pour "sceller des partenariats exceptionnels, durables et mutuellement bénéfiques". De son côté, le Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, a renouvelé, du haut de la tribune de la conférence, "le fort soutien de l'Algérie à la Tunisie voisine dans sa lutte contre le terrorisme et la pauvreté" et sa solidarité agissante et permanente avec ce pays. M. Sellal a souligné que la Tunisie "traverse aujourd'hui les dernières étapes de sa transition pour entrer dans une nouvelle ère". Il a indiqué dans ce sens que "la Tunisie a atteint la dernière étape des ses objectifs après les changements radicaux enregistrés durant les trois dernières années aux plans politique et économique", ajoutant que le peuple tunisien était au rendez-vous avec son Histoire et qu'il a contribué à la réussite de la transition démocratique. Le Premier ministre a réaffirmé à cette occasion que "l'Algérie poursuivra son soutien et sa solidarité fraternelle avec la Tunisie, notamment pour ce qui est de la coopération politique, économique, financière et sécuritaire". "Le succès de la Tunisie est aussi celui de l'Algérie", a-t-il soutenu. L'Algérie œuvrera, a-t-il dit, à garantir "la stabilité de toute la région", réaffirmant la position "immuable de l'Algérie dans la lutte antiterroriste" à travers la coordination avec la partie tunisienne. M. Sellal a enfin souhaité voir la Tunisie "réaliser d'autres succès économiques après avoir relevé le défi de la transition politique et concrétisé la stabilité escomptée". Son homologue français, Manuel Valls, a, lui aussi, fait part du "soutien illimité" de son pays à la Tunisie. L'initiative du président François Hollande avait pour but, selon le chef du gouvernement français, de relancer l'investissement en Tunisie qui, depuis la chute de Ben Ali, connaît une crise économique sans précédent. Cette crise est si aiguë que le gouvernement Jomaâ, qui gère les affaires du pays depuis janvier dernier, a tiré la sonnette d'alarme, déclarant même que son gouvernement serait dans l'incapacité d'honorer ses engagements envers les fonctionnaires. Le choix de Tunis, parmi trois villes (Tunis, Paris et Berlin), pour abriter cette conférence, a valeur de symbole. Il vise à intéresser et à attirer le plus grand nombre d'investisseurs à même de participer à la réalisation des grands projets pour relancer une économie tunisienne agonisante. Ainsi, il ne s'agit pas de collecter des aides, mais d'inciter les investisseurs à s'impliquer dans des projets attractifs. La partie tunisienne s'est bien préparée à ce rendez-vous en exposant devant ses hôtes sa nouvelle stratégie de développement fondée sur des réformes structurelles qui lui feraient gagner la confiance des investisseurs dans un climat politique sain et administratif propre à l'investissement. D'autant plus que ce pays a besoin d'une coopération poussée avec ses différents partenaires, qui ont exprimé leur volonté de le soutenir pour sortir du bourbier dans lequel il s'est enlisé. Cette volonté a été réaffirmée par les divers intervenants à la tribune de la conférence mettant du baume au cœur des Tunisiens qui souhaitent voir cette volonté traduite sur le terrain et concrétisée par la participation au financement des 22 mégaprojets présentés aux investisseurs et embrassant des secteurs divers (routes, hydraulique, santé, mines, TIC, et développement durable), d'un coût global de 15 000 millions de dinars environ (1 dinar = 0,4 euro). Cependant, la France, qui se considère comme partie prenante, a-t-elle les moyens de répondre favorablement, à son partenaire tunisien ? L'appel de Hollande à la tenue d'une telle réunion serait-il un aveu d'incapacité de la France de supporter, seule, le fardeau que constitue le soutien à accorder à un partenaire traditionnel ? L'appel de Hollande, malgré toute la charge de sincérité qu'il est supposé contenir, ne serait-il pas une manœuvre tendant à garder la Tunisie dans son giron politique ? Cette thèse est d'autant plus plausible que l'économie française est, elle-même, souffrante, comme l'attestent des chiffres récents qui font état d'une augmentation de 45 milliards d'euros de la dette publique au terme du 1er trimestre de l'année en cours. Cela aurait amené Paris à s'adonner à un jeu subtil pour soutenir la Tunisie dans sa "transition démocratique" en y impliquant diverses parties tout en occupant le devant de la scène. D'où la présence remarquable du Premier ministre français à cette conférence, en l'absence, en dernière minute, du secrétaire d'Etat américain. Cette présence est dirigée, selon les observateurs, contre Washington qui cherche, par tous les moyens, à se substituer à Paris dans la région. En effet, Washington, dont les velléités d'hégémonie ne sont pas plus discrètes que celles de la France, ne rate jamais une occasion pour manifester sa présence en terre tunisienne dans le contexte général de sa politique arabe et moyen-orientale. En témoigne la course que se font les capitales française et américaine pour faire les yeux doux aux deux plus grands partis politiques tunisiens (Ennahdha et Nida Tounes) susceptibles de remporter les prochaines élections législatives et, pourquoi pas, leur "donner des directives" voilées en ce qui concerne la marche à suivre pour espérer bénéficier de l'aide souhaitée. Cependant, parmi ces deux partis politiques, il en existe un qui ne porte pas M. Valls dans son cœur, sauf si, entre-temps, celui-ci a réglé sa montre sur la réalité politique tunisienne. Le parti islamiste, étant une réalité incontournable dans le paysage politique tunisien d'aujourd'hui, fera-t-il confiance à un dirigeant étranger qui a dit sans ambages : "Il faut soutenir les démocrates en Tunisie." Affirmant, ainsi, son aversion pour le parti islamiste qui, selon cette déclaration, doit être évincé du pouvoir. Celui-ci a-t-il oublié cette déclaration faite au lendemain de l'assassinat, en février 2013, du militant de gauche Chokri Bélaïd pour que, en cas de victoire, il fasse table rase du passé et se lance dans une coopération sincère avec la France ? Cette option n'est pas à écarter et faire preuve de diplomatie n'est-il pas le meilleur moyen pour servir son pays ? M. K. Nom Adresse email