La hausse des salaires induite par l'abrogation du 87 bis touchera à partir de janvier prochain une grande partie des fonctionnaires. L'UGTA estime l'augmentation entre 5 et 10%. Plus précisément, le relèvement des rémunérations ne concernera pas les hauts salaires. Elle bénéficiera aux fonctionnaires qui sont classés dans les basses catégories et qui touchent moins ou autour de 18 000 dinars. En d'autres termes, l'augmentation des salaires de janvier prochain touchera les salariés sans qualifications professionnelles (femmes de ménage, appariteurs et autres simples agents). Ils sont au nombre de 500 000 dans la Fonction publique à toucher moins 18 000 dinars net par mois. Ils sont près d' 1 million de fonctionnaires au total à bénéficier de la mesure dans un scénario minimaliste. Ils seront beaucoup moins nombreux à bénéficier de la mesure dans les entreprises publiques ou privées du secteur économique. Mais l'UGTA, pour ne pas ajouter de nouvelles incohérences dans la grille des salaires de la Fonction publique, veut pousser les pouvoirs publics à généraliser la hausse des salaires à des catégories supérieures pour éviter qu'un smicard et un travailleur dans une catégorie supérieure aient le même salaire. C'est ce qu'on appelle l'effet domino. Appliqué aux tranches supérieures, ce principe pourrait justifier les 2 400 milliards de dinars ou les 4 à 5 milliards de dollars correspondant à l'impact financier d'une telle mesure estimée respectivement par l'UGTA et l'organisation patronale CGEA. Du coup, on pourrait parvenir à un chiffre de 2 millions de fonctionnaires touchés par la mesure. Mais le gouvernement pourra brandir comme argument pour s'y opposer le lourd impact financier que devra supporter le budget de l'Etat. Ces questions feront l'objet sans doute l'objet d'âpres négociations entre le gouvernement, l'UGTA et le patronat lors de la prochaine tripartite prévue le 18 septembre prochain. Réunion qui portera essentiellement sur la redéfinition du SNMG. En ce sens, l'un des meilleurs spécialistes algériens du dossier salaires, l'ancien haut fonctionnaire de l'Etat, Rachid Hadj Lazib, contacté, souligne qu' à ce stade personne ne peut dire aujourd'hui combien sera la hausse des salaires, combien de fonctionnaires seront touchés et quel sera de façon précise l'impact financier d'une telle mesure. Tout cela fera l'objet de négociations entre le gouvernement, l'UGTA et le patronat. Tant qu'un accord n'est pas encore trouvé entre les trois parties, on ne peut répondre aujourd'hui de manière précise à ces interrogations. Même topo pour l'effet domino. Dans la foulée, l'ancien haut fonctionnaire relève une aberration. Le projet de texte de loi qui accompagne l'abrogation de l'article 87 bis stipule que les primes et indemnités seront fixées par voie réglementaire. Allusion notamment aux primes d'ancienneté, de nuisance, de travail posté. Si pour la Fonction publique, l'Etat est en droit de fixer le montant du SNMG et les primes et indemnités après négociations avec les représentants syndicaux et le patronat, en revanche, il est aberrant qu'il fixe les primes et indemnités pour le secteur économique. Depuis les réformes, l'Etat ne fixe plus les salaires du secteur économique, d'autant moins les primes et indemnités des entreprises publiques et privées. Or, le projet de texte de loi laisse entendre que les primes et indemnités du secteur économique seront fixées par l'Etat. Insensé selon lui. Tout simplement parce que la détermination du salaire ainsi que les primes et indemnités dans le secteur économique relève de négociations entre l'employeur et le syndicat d'entreprise. Supposez qu'une entreprise soit en difficulté financière, pour éviter les licenciements ou empêcher sa fermeture, un accord peut être trouvé entre la direction et le syndicat d'entreprise pour réduire les salaires ou supprimer certaines primes afin de sauver la société. Dans la mouture actuelle du projet de loi, l'entreprise précitée n'a pas d'autre choix que de fermer ou de voir sa situation financière se détériorer. Nom Adresse email