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"Les secrets..." 51e partie
Publié dans Liberté le 13 - 09 - 2014

Résumé : Ihssane se rend au service où est hospitalisée hadja Meriem. Elle trouve sa fille à son chevet. Ihssane n'a pas le temps d'expliquer les raisons de sa présence qu'el-hadja s'endort sous l'effet des calmants. Elle est déçue, car elle seule peut l'aider. Karima, sa fille, croit qu'elle veut des conseils pour avorter. Ihssane la rassure. Elle a besoin d'elle pour retrouver sa mère...
- Ah, ma pauvre fille ! Elle en a tellement aidé que je ne crois pas qu'elle puisse se souvenir spécialement de la tienne !, dit Karima. Ça remonte à loin... Vingt-deux, vingt-trois ans ?
- Oui, vingt-trois ans, confirme Ihssane. Je dois l'interroger. Je suis sûre qu'elle pourra m'aider !
Karima se tourne vers sa mère, l'air désolé.
- Elle se fatigue facilement, elle ne peut pas tenir une discussion ! Laissons-la se reposer un peu, propose-t-elle. Après, on tentera de l'interroger !
- Merci !
Ihssane s'assoie sur le bord du lit, en face de celui de la malade. Le silence est meublé par les bruits qui proviennent du couloir. La chambre est chauffée, trop au goût d'Ihssane qui sent ses joues brûlantes. Elle retire sa veste, puis va se rafraîchir le visage. Karima est retournée auprès de sa mère et garde sa main dans la sienne. Ihssane s'impatiente, trouve le temps long, mais elle est prête à passer la nuit pour avoir des réponses à ses questions. Hadja Meriem peut avoir oublié, vu qu'elle en a tant aidé de femmes dans la condition de sa mère. Ce serait un miracle si elle pouvait se rappeler d'elle.
Sa naissance remonte à si longtemps. Hadja Meriem se réveille avec une plainte de douleur.
- Yé, doucement ! Je suis là...
- Merci ma fille.
Ses yeux croisent ceux d'Ihssane. Celle-ci lui sourit.
- Tu es encore là...
- Yé, elle cherche après sa mère ! Tu l'aurais aidée à accoucher !, dit Karima.
- En général, je les soulageais, murmure hadja Meriem.
- Dans mon dossier figure votre nom, dit Ihssane en s'approchant d'elle. D'après ma date de naissance, je suis née un 24 août... Je vous en prie, aidez-moi !
La jeune fille l'a implorée les deux mains ouvertes vers elle.
Des larmes lui montent aux yeux et elle les essuie avec rage.
- Attends ! Montre-moi ton bras gauche ! Tu as une tâche de naissance ? En forme de figue violette ?
- Oui...
- Sebhan Allah !, s'écrie hadja Meriem. Jamais je n'aurais cru te revoir un jour ! Lève ton bras !
La forme de figue est bien apparente. A chaque fois qu'Ihssane voulait la voir, elle devait regarder dans une glace. Ainsi sa tache de naissance allait l'aider à retrouver sa mère. Elle n'y avait jamais pensé auparavant. Elle bénit celui qui a mis le chauffage à son maximum. Si elle n'avait pas retiré sa veste, hadja Meriem ne l'aurait pas vue et reconnue.
- Sebhan Allah ! Ma fille, comment vas-tu ? Comment est ta vie ?
- Je vais bien. Je vis bien, j'ai été adoptée par une famille merveilleuse. Je n'ai manqué de rien !
- Mais pourquoi chercher après l'autre ?
- C'est plus fort que moi, répond-elle. Si vous vous êtes souvenue de ma tache de naissance, vous devez aussi savoir qui elle est ! Je vous en prie, aidez-moi à la retrouver ? Quel âge avait-elle ? De quelle condition était-elle ? De quel quartier venait-elle ?
- Ma fille, doucement...
- Qui l'a amenée à la maternité ?
Est-ce que vous vous rappelez de cette nuit-là ?
- Oui. Mais tu n'es pas née à la maternité ! Je m'étais occupée de ta mère chez une parente. Un homme était venu me chercher au milieu de la nuit ! C'était dans une maison, loin de la ville ! La jeune fille, une étudiante, était très belle et surtout elle était bien née ! Je l'ai constaté aux nombreux bijoux en or qu'elle portait ! Je me rends compte aujourd'hui que tu lui ressembles beaucoup !
- Vous vous souvenez de son nom ? Son prénom ?
- Hélas non, mais je l'ai revue deux fois, raconte hadja Meriem. Elle ne pouvait pas se séparer de toi ! Je me rappelle qu'elle pleurait. Elle espérait avoir des nouvelles de son ami, un étudiant tout comme elle, mais au bout d'une semaine, sa tante ne lui laissait plus le choix ! J'ai encore ces cris dans les oreilles ! Elle t'aimait tant...
(À suivre)
A. K.
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