Résumé : Zina a pris sa fille dans la chambre. Elles pleurent pour des raisons différentes. Zina voit la tristesse et la déception sur son visage. Elle lui parle avec son cœur tout en pleurant. Ihsane est sa fille de cœur. Certes, elle ne l'a pas mise au monde mais même sa mère n'aurait pas pu l'aimer plus intensément. Sa vie tourne autour d'elle et elle ne peut pas s'imaginer sans elle. Elle en mourrait... Depuis le jour où son neveu a tout révélé à Ihsane, Zina a l'impression qu'on l'a soulagée d'un fardeau. Elle respire mieux. Elle avait toujours craint de lui dire la vérité, redoutant de la voir sombrer dans la tristesse et s'éloigner d'elle. Sa fille de cœur a réalisé sa chance, et Zina remercie Dieu, à chaque prière, de lui avoir donné une enfant mûre. Il lui semble qu'elle est devenue une adulte avant l'heure. Elle comprend tout. -Tu es ma maman, je suis née le jour où tu m'as prise dans tes bras ! Il n'y en a pas d'autre... Leur amour s'est renforcé. Il y a une grande complicité entre elles. Zina n'a pas seulement le sentiment d'avoir une fille mais une amie, une sœur à qui se plaindre des misères du quotidien ou de Zaher qui s'absentait parfois. -Je lui ai dit de ne pas prendre de courses hors wilaya, en fin de journée ! Qui sait où ils se rendent et s'il ne tombera pas entre les mains de voleurs qui voudront lui prendre son véhicule ! -Maman, papa fait ce métier depuis des années. Il saura reconnaître les gens louches ! Il ne se fera pas avoir ! -Ma fille, de nos jours, on ne doit pas se fier aux apparences ! Ils peuvent travailler avec une femme pour se faire passer pour une famille, insiste Zina. Et puis, je ne vois pas d'argent entrer dans la caisse ces derniers temps ! -Mais tu as dit qu'il a emprunté et remboursé grand-père ! -Oui mais on ne connaît pas ses amis. Quant à sa famille ou ce qu'il en reste, il n'a pas de contact avec eux, soupire Zina avant de regarder le cahier de sa fille. Mais tu n'as rien fait ! File dans ta chambre et concentre-toi sur tes devoirs ! -J'y vais, mais on discutera tout à l'heure ! Ihsane embrasse sa maman, prend son cahier et retourne à sa chambre. Zina finit de ranger la vaisselle. Elle ne peut s'empêcher de regarder dehors à chaque fois qu'elle entend le vrombissement d'une voiture ou une portière claquer. Elle est surprise de voir son frère. Quelques minutes après, il frappe à la porte. Il a le visage fermé, celui des mauvais jours. -Il est arrivé quelque chose à Yé ? demande-t-elle sans même le saluer. -Non ! -El-hadj ? Ihsane est sortie de sa chambre en les entendant parler. Instinctivement, elle prend le bras de sa mère après avoir embrassé son oncle. -Non, el-hadj va bien, la rassure Krimo. C'est ton mari. Il a fait un accident... -Ya Allah ! Il n'est pas mort, n'est-ce pas ? -Quelques blessures, répond-il avant d'ajouter. Rien de méchant ! Il est en observation à l'hôpital ! Demain matin, il pourra rentrer ! Zina manque se trouver mal. Ihsane l'aide à s'asseoir. -Je lui avais dit de ne plus accepter les courses hors d'Alger, en fin de journée ! Mais où est-ce arrivé ? Lui as-tu parlé ? Est-ce qu'il était seul ? -Doucement, une question à la fois, rétorque Krimo. Il était du côté de Tipasa... Oui, il n'était pas seul. Une femme l'accompagnait, précise-t-il. -Sûrement sa cliente, émet Zina avant de se lever. On va le voir maintenant, décide-t-elle. Ihsane, apporte-moi mon gilet et mon sac ! Krimo arrête sa nièce d'un geste de la main. -Je vous emmènerais demain ! Ce soir, c'est trop tard ! Je dois rentrer chez moi. Je ne faisais que passer, ma sœur ! Je ne voulais pas t'apprendre la nouvelle au téléphone ! Tu comprends ? -Jure-moi qu'il n'a rien ! -Je te le jure... Krimo l'embrasse sur la joue puis part. Zina prend sa fille dans ses bras et la serre fort. Elle a un mauvais pressentiment... (À suivre) A. K. Nom Adresse email