La révision de la Constitution, considérée comme opération prioritaire, semble être oubliée, à commencer par ses initiateurs. Ce qui devait donner, à l'occasion de la rentrée, un coup de fouet à l'activité politique n'est plus perçu que comme un fait divers. Selon certains observateurs, la copie rédigée par le directeur de cabinet de la Présidence est en deçà des attentes et le fait que plusieurs partis et personnalités politiques n'aient pas participé aux consultations a enlevé une crédibilité à l'opération de révision de la Constitution, voire à l'ensemble de la démarche qui la sous-tend. D'où, peut-être, ces voix hier favorables au quatrième mandat et enthousiastes pour le projet d'amendement de la loi fondamentale, qui, aujourd'hui, suggèrent un autre round de négociations. Il y a eu d'abord le président de Taj, puis le président de l'APN et enfin, ce week-end, le secrétaire général de l'Anr. Sûrement mandatés ou autorisés, ces porte-parole ont été instruits de lancer ces signaux en guise d'invitation en direction de l'opposition qui marque encore des points, dont le plus important a été celui de s'asseoir autour de la même table. Ce qui fait grincer les dents du pouvoir qui a toujours joué la division, et ce, depuis 1962. D'ailleurs, pour l'opposition, la révision de la Constitution n'a jamais été un préalable. Ni même une solution. À peine, peut-être, un point d'un ordre du jour portant sur la transition démocratique à négocier avec le gouvernement. Pour eux, la priorité est au changement car le pays traverse une crise de gouvernance complexe, aggravée mais aussi mise en évidence par la maladie du Président dont des milieux opportunistes se sont saisis pour "manager" une économie de bazar au profit d'un cercle restreint. Le gel des réformes économiques promises est, pour ces milieux, une aubaine inespérée. L'absence d'institutions légitimes, crédibles et autonomes tue la fonction de contrôle dans tous les domaines, y compris celui des dépenses publiques. C'est donc la voie ouverte à tous les passe-droits dont peut profiter une minorité. Pour ceux-là, la priorité est ailleurs : dans le maintien du fonctionnement actuel de l'Etat, seul garant de leurs privilèges. Mais la corde est si tendue qu'elle peut rompre à tout moment, sans balise de sécurité pour atténuer l'onde de choc. O A [email protected] Nom Adresse email