Crédibilité La tripartite dont les travaux s'ouvriront demain constitue-t-elle l'événement phare de la rentrée sociale 2014 ? On serait tenté a priori de répondre par l'affirmative au regard du principal menu de la rencontre : les modalités de mise en œuvre de l'abrogation de l'article 87 bis qui induit une augmentation des salaires pour 2 millions de travailleurs selon la Centrale syndicale. En d'autres termes, on s'attend à ce que la tripartite de demain tranche sur la redéfinition du SNMG qui permet à tout salarié en Algérie de toucher pas moins de 18 000 DA par mois. On susurre, du côté de l'UGTA, que la hausse concernera tous les salariés. Cet élargissement de son champ d'application par ce qu'on appelle l'effet domino requiert le feu vert du gouvernement. On peut se demander si l'Exécutif lâchera du lest sur ce point ? Il faudra sans doute attendre les résultats de la tripartite pour se prononcer. Mais d'ores et déjà, plusieurs économistes s'émeuvent de la lourde charge que devra supporter le Trésor public si le gouvernement répond au vœu de la Centrale syndicale. L'abrogation du 87 bis va creuser le déficit budgétaire en contexte de contraction des recettes fiscales pétrolières et d'augmentation des dépenses publiques. Allons-nous vers une situation financière insoutenable ? s'inquiètent-ils. L'abrogation du 87 bis en l'absence de contrepartie productive alimentera-t-elle la hausse des prix ? Plus sereins, des représentants patronaux estiment que l'économie nationale peut absorber sans incidences graves l'impact de cette mesure. À condition qu'elle s'accompagne d'une série de décisions pour d'abord lier les salaires à la productivité, de dispositifs efficients appliqués sur le terrain pour améliorer l'environnement de l'entreprise. Autrement dit, cette problématique de la hausse des salaires doit être insérée dans une vision globale qui remette les pendules à l'heure par notamment la promotion tous azimuts de la production nationale. Muscler notre industrie, lever les entraves à l'investissement, libérer les initiatives, accélérer le rythme de création de richesses et d'emplois, diversifier notre économie, autant de sentiers à suivre si on veut renforcer notre capacité à résister aux contrechocs pétroliers et, partant, à servir de meilleurs salaires aux travailleurs. Les dossiers qui seront examinés au cours de la tripartite et les décisions qui seront validées vont permettre d'aller plus vite. Mais encore faut-il qu'elles soient appliquées sur le terrain. Il ne faut pas oublier que les tripartites des deux dernières décennies n'ont pas été le plus souvent suivies d'actions concrètes. À cet égard, un mécanisme pour appliquer rapidement les décisions de la tripartite est préconisé par l'organisation patronale CAP. La crédibilité du gouvernement est en jeu. Les résultats de la tripartite, leur consistance et l'application des décisions de la rencontre sur le terrain jaugeront en tout cas la capacité du gouvernement à engager une dynamique économique dans le pays qui nous fasse sortir de la zone de turbulences dans laquelle on risque d'entrer si les choses ne bougent pas dans le bon sens. Nom Adresse email