Les enjeux de la tripartite du 23 février À la veille de la présidentielle, la tripartite du 23 février scellera un pacte économique et social de croissance, une série d'engagements qui liera le gouvernement, la Centrale syndicale et les organisations patronales au cours des cinq prochaines années. Le cap est mis pour les travailleurs sur une augmentation des salaires liée à la productivité et à la hausse annuelle des prix (inflation), la protection du pouvoir d'achat ainsi que l'amélioration des conditions de travail des salariés. Concernant les entreprises, le gouvernement s'engage à améliorer le climat des affaires et à impliquer le secteur privé dans la promotion de la production nationale. Il sera également question, lors de cette tripartite, de l'application de l'abrogation de l'article 87 bis qui induira une augmentation des salaires pour les travailleurs qui perçoivent 18 000 dinars/mois. Si la tripartite donne le feu vert ainsi que la date de mise en œuvre : 2 millions de travailleurs seront touchés : 1 million dans la Fonction publique, 1 million dans le secteur économique (salariés des entreprises publiques et privées). Le patronat semble s'opposer à cette mesure eu égard à la lourde charge financière que devra supporter l'entreprise à l'application de cette mesure. Lâchera-t-il du lest ? L'UGTA, elle, est favorable à l'application de cette mesure. Le gouvernement cèdera-t-il à cette pression de la Centrale syndicale ? Il pourrait évoquer l'énorme incidence financière sur le Trésor qui pourrait aggraver le déficit budgétaire et camper donc sur le principe d'orthodoxie financière. Mais face à ces arguments, la Centrale syndicale fait valoir que l'amélioration de la situation financière des entreprises à travers des allègements fiscaux et parafiscaux, de la situation financière du pays grâce au respect des engagements contenus dans le pacte pourrait diminuer son impact sur le Trésor et les entreprises. Au demeurant, à la veille de l'élection présidentielle, les probabilités pour que le gouvernement lâche du lest et réponde aux attentes de millions de travailleurs sont grandes. Ce qui est d'ores et déjà sûr, la tripartite du 23 février décidera de l'introduction du crédit à la consommation pour les produits fabriqués localement. Un avant-projet de texte fixant les modalités de mise en œuvre de cette mesure est déjà prêt. Une bonne nouvelle pour les ménages qui pourront acquérir plus facilement notamment les produits électroménagers et électroniques made in Algeria. Côté moins rose, la question est de savoir si ce pacte économique et social sera mis en œuvre. La tripartite du 23 février annoncera sans doute l'application de l'abrogation de l'article 87 bis et l'institution du crédit à la consommation. Mais elle ne semble pas garantir l'application du pacte économique et social. Car cela dépendra de l'attitude des trois partenaires : respecteront-ils leurs engagements ? L'incertitude pèse également sur un engagement contenu dans ce pacte : l'amélioration des salaires des travailleurs. Mais ne fixe pas d'échéancier, ni leur taux d'évolution annuelle. Les partisans de la rigueur financière ne veulent surtout pas que cette tripartite se transforme en tribune pour lancer des promesses électorales qui en dernier ressort vont aggraver la situation financière du pays. Les observateurs avisés, eux, s'attendent à ce que cette séquence importante dans la vie économique soit une opportunité pour relancer la machine économique, booster l'appareil de production et accroître les investissements industriels. La seule voie sérieuse qui permettrait d'améliorer les revenus des travailleurs est de créer la masse critique d'emplois qui ferait reculer le chômage dans notre pays. K. R. Nom Adresse email