Du 8 au 22 septembre, 69 candidats, dont plus des deux tiers sont indépendants, se sont rendus au siège de l'ISIE menus des pièces exigées par le code électoral pour se porter candidats à la magistrature suprême. Lundi à 18 heures, l'Instance supérieure indépendante des élections (ISIE) a fermé ses portes devant les candidatures à l'élection présidentielle. La mosaïque de candidats est constituée de politiciens, enseignants universitaires, juges, avocats, médecins, hommes d'affaires, journalistes et même chômeurs. Rares sont les pays où a été enregistré un aussi grand nombre de personnes convoitant le fauteuil présidentiel. Outre les candidats leaders des partis politiques, un grand nombre d'illustres inconnus ont osé user de leur droit constitutionnel tout en étant convaincus de leurs chances minimes, voire inexistantes, de franchir le portail du palais de Carthage. La liste des candidatures valides sera rendue publique au plus tard vendredi prochain, ouvrant la voie aux éventuels recours. Déjà, l'on sait qu'une dizaine de candidatures qualifiées de "folkloriques" par les observateurs, seront automatiquement rejetées, les intéressés ne répondant pas aux conditions du code électoral en ce qui concerne le parrainage par 10 mille citoyens ou 10 députés et le dépôt d'une caution de 10 000 dinars (1 DT=0,4 euro). Parmi les candidats les plus en vue, on remarque la présence de pas moins de cinq anciennes figures du parti destourien de Bourguiba ou du RCD de Ben Ali qui souhaitent trouver le soutien escompté auprès des nostalgiques de l'ère passée ou ceux recyclés par Nida Tounes. La multiplicité de ces candidats se réclamant de la même école et de la même idéologie leur jouera un mauvais tour. Sans doute, ils vont "se casser les dents en favorisant l'éparpillement des voix au bénéfice des autres candidats tel que l'actuel président, Mohamed Moncef Marzouki qui s'est présenté en candidat indépendant. En face, le parti islamiste Ennahdha de Rached Ghannouchi s'est abstenu, dès le départ, de participer à la course vers Carthage. Après le rejet par toute la classe politique de son idée de candidat "consensuel", le parti islamiste a tourné le dos à l'élection présidentielle pour se consacrer exclusivement aux législatives. Cependant, sa "tête de liste" à Sfax1, l'homme d'affaires Mohamed Frikha, a présenté, lundi, sa candidature en tant qu'indépendant, provoquant des remous au sein du conseil de la choura du parti, réuni en urgence pour étudier l'éventualité d'un soutien à ce candidat. Volet législatives, le tribunal administratif dévoilerait, aujourd'hui, le sort des recours. Le président de l'ISIE avait annoncé, la première semaine de septembre, que 1316 listes étaient admises et 192 rejetées par l'administration électorale. Chapitre terrorisme, et en relation avec les élections, le ministre de l'Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, a rappelé, lundi, que les menaces pèsent toujours sur le déroulement de l'opération électorale. Par conséquent, des mesures exceptionnelles ont été prises pour lutter contre le phénomène et sécuriser les élections dans les régions limitrophes de l'Algérie (Kasserine, Le Kef et Jendouba). Des unités mixtes groupant les trois corps (armée, Garde nationale et police) ont été constituées avec un commandement commun. Ces mesures ont été prises pour faciliter et hâter la prise de décisions et les actions à mener le cas échéant. En ce qui concerne les frontières avec la Libye, tout a été mis en œuvre pour empêcher le transfert des armes et l'infiltration des terroristes vers la Tunisie, d'un côté, et le trafic des produits soutenus par la Caisse de compensation vers la Libye, de l'autre côté. En outre, grâce à ces mesures, les jeunes Tunisiens ayant l'intention de se joindre aux terroristes en Libye ou ailleurs seront interdits de quitter le pays. D'autant plus que le nombre des Tunisiens affiliés aux groupes terroristes de l'Etat islamique (EI) est de 2500, selon le ministre de l'Intérieur. Sur le terrain, on a enregistré un tué et trois blessés dans une zone proche de la frontière tuniso-libyenne, selon le porte-parole du ministère de l'Intérieur. Le conducteur du véhicule à bord duquel ils avaient pris place n'a pas obtempéré aux injonctions des unités armées, obligeant ces dernières à faire usage de leurs armes.