Au cours du week-end, alors que plusieurs fêtes de mariage étaient programmées dans la localité, les disc-jockeys et autres sonorisations bruyantes ont été mis en sourdine à la mémoire d'Hervé Gourdel, qui compte de nombreux amis dans la région. C'est bien de la consternation, de l'émoi et de la tristesse qui étaient affichés sur les visages des habitants de la région Est de Bouira, notamment dans les villes d'El-Esnam et de Bechloul. Deux villes situées à quelques encablures de Tikjda et dont certaines familles connaissaient personnellement l'otage français assassiné mercredi dernier. D'ailleurs, parmi les accompagnateurs du défunt otage, deux sont originaires d'El-Esnam et un de Bechloul. Selon les dires des membres de la famille de l'un des accompagnateurs, M. Gourdel s'était rendu à maintes reprises sur les hauteurs de Tikjda où il avait ses petites habitudes. Destination très appréciée par ce guide de haute montagne qui s'était fait des amis parmi les bergers gardant leur cheptel sur les hauteurs de la station climatique, à l'instar de aâmi Saïd. Ce dernier se souvient d'ailleurs très bien de sa première rencontre avec "Aroumi'', comme il se plaît à l'appeler : "C'était il y a deux ou trois ans, je ne me rappelle plus, ce Français prenait des photos de mes vaches. En m'approchant de lui, je lui ai parlé en kabyle et il m'a sourit en me demandant si ces bêtes m'appartenaient. C'est à partir de là que nous nous sommes liés d'amitié, nous nous sommes souvent croisés lors de ses passages ici.'' La même bonhomie est décrite par un ancien agent de sécurité du CNSLT qui se souvient de M. Gourdel : "Un homme aimable, curieux, passionné par la nature, une personne qui respectait énormément l'environnement. Plusieurs fois, il pestait contre les randonneurs qui polluent l'environnement en laissant derrière eux des détritus.'' D'après le frère d'un accompagnateur de la victime qui était hébergé dans leur chalet de Tikjda, ce petit groupe d'alpinistes avait effectué plusieurs randonnées et escalades dans la région, notamment sur les monts de Mimouna (Haïzer), à Tighzert, jusqu'au massif de l'Akouker à cheval, entre les wilayas de Bouira et de Tizi Ouzou. M. Hellal, le P/APC d'El-Esnam dont dépend territorialement et administrativement le site de Tikjda, était également sous le choc après avoir appris la nouvelle de l'assassinat de M. Gourdel : "C'est quelqu'un que je ne connaissais pas personnellement, mais on m'a dit beaucoup de bien de lui. À travers ses nombreux voyages ici, et particulièrement à Tikjda, M. Gourdel s'était fait beaucoup d'amis dans la région et il a toujours respecté les sites qu'il visitait, tout en faisant la promotion de Tikjda à travers ses différents déplacements de par les pays qu'il visitait. À l'APC d'El-Esnam, nous sommes encore sous le choc et nous tenons à présenter nos condoléances à la famille de M. Gourdel." Les preuves de sympathie autour de l'assassinat du ressortissant français sont nombreuses. Et au cours du week-end, alors que plusieurs fêtes de mariage étaient programmées dans la localité, les disc-jockeys et autres sonorisations bruyantes ont été mis en sourdine, à la mémoire d'une personne fortement appréciée dans la région. On apprend, par ailleurs, que les accompagnateurs de M. Gourdel sont toujours entendus par les services de sécurité pour les besoins de l'enquête, tandis que le chalet de Tikjda où ils ont passé leur première nuit a été passé au peigne fin par les experts de l'Institut national de criminalistique et de criminologie de Bouchaoui, qui l'ont mis sous scellés. Les opérations de recherche menées par les secteurs militaires de Bouira et de Tizi Ouzou pour retrouver le corps du ressortissant français sont toujours en cours.