Résumé : Ihssane se sent mieux depuis qu'elle sait qu'elle est issue d'une famille honorable. Elle promet à sa mère de se concentrer sur ses études. Elle part dès l'aube, pour surveiller la demeure de ses grands-parents. Le fleuriste lui apprend qu'ils cherchent une prof de français. Ihssane sent que c'est l'occasion inespérée pour les rencontrer... Ihssane décide de prendre sur-le-champ le bouquet de fleurs, et suivant les indications du fleuriste, elle trouve rapidement la porte principale de la demeure. Il y a un interphone et elle appuie. Une voix féminine lui demande de se tourner. Ihssane n'avait pas vu la caméra. Elle sourit, tenant à afficher un visage sympathique. - Bonjour ! Je suis ici pour l'annonce ! Je suis attendue, ajoute-t-elle. - Une minute... La jeune fille baisse la tête, surprise par son audace. En fait, elle ne veut pas laisser la chance lui passer sous le nez. La porte s'ouvre, et une femme âgée, une employée, l'accueille. Elle ne sourit pas. Ces sourcils froncés donnent du caractère à son visage. - Il t'attend. Le bouquet est magnifique ! Il ne fallait pas !, lui dit-elle lorsqu'elle le lui remet. Elles traversent un beau jardin. Quand elle l'introduit à l'intérieur de la maison, elle est impressionnée par la grandeur du hall et par le calme qui règne. Un vieil homme descend lentement l'escalier et vient vers elles. Il la scrute de la tête aux pieds. - Bonjour ! Mais vous êtes jeune !, s'écrie-t-il. Hamid ne me l'a pas dit ! - Oui. J'aurais bientôt vingt-trois ans ! Mais j'ai de l'expérience avec les enfants ! J'ai déjà enseigné, j'ai pris en charge des élèves de cinquième !, dit-elle. Si votre petite fille a des lacunes, je saurai y remédier ! - Il s'agit de mon petit-fils ! Il ne se concentre pas ! Il est bon à l'écrit, mais il ne parle pas bien français ! - Je comprends ! Avec moi, il apprendra vite ! - Allons dans mon bureau, l'invite-t-il en la précédant. El-hadja, tu peux disposer... Ihssane le suit dans le bureau. La grande bibliothèque derrière le bureau l'impressionne par le nombre d'ouvrages. Il possède des collections de beaux livres. Il y a des photos posées par-ci, par-là. Son regard s'attarde sur celles des femmes. Elle se demande qui est sa mère. Elle juge avoir un trait familier avec elles. - Vous avez Victor Hugo et Zola, remarque-t-elle en s'approchant des rayons de livres. Et Papillon... - Oui. Mais vous n'êtes pas ici pour faire l'inventaire, plaisante-t-il. Mon petit-fils Massinissa est très difficile, la prévient-il. Vous ne serez pas sa première prof à domicile ! Elles abandonnent toutes au bout de trois leçons ! - Avec moi, ce sera différent !, promet-elle. Combien de fois, par semaine, voulez-vous que je m'occupe de lui ? - Un jour sur deux, durant deux heures, en fin de journée !, décide-t-il. Ça vous convient ? - Oui. Ils s'entendent sur les honoraires. Ihssane demande à voir l'enfant, mais il est en classe. - Un chauffeur se chargera de vous... - Non, non, c'est bon ! Je suis véhiculée, dit-elle. Je commence aujourd'hui ? - Oui. Vous êtes étudiante ? - Oui, mais soyez rassuré ! Votre petit-fils sera entre de bonnes mains ! D'ici quelques semaines, il parlera bien le français ! Vous serez étonné ! - Je ne demande pas plus !, réplique-t-il tout en la raccompagnant dans le hall. El-hadja, raccompagne-la ! Ihssane prend congé de lui et suit dehors celle qu'il appelle el-hadja. - Je ne crois pas que tu sois à la hauteur, lui dit-elle. Tu es beaucoup trop jeune ! Tu devrais renoncer... - Non, j'ai besoin de ce travail ! A ce soir ! Ihssane sort, tirant la porte derrière elle. Elle tombe sur une jeune femme, portant un classeur sous le bras. - Bonjour, ne fermez pas ! On m'attend ! - Ah... Si c'est pour le poste de travail, dit la jeune fille, mon grand-père a déjà recruté quelqu'un ! - Ah bon ! Mais j'avais rendez-vous ! - Il a changé d'avis et pris une connaissance pour instruire mon cousin ! C'est bon, dit Ihssane. Si elle n'est pas à la hauteur, je lui dirai de vous rappeler ! - C'est gentil ! Elle ne cache pas sa déception. Ihssane regarde vers la caméra tout en se demandant si on ne les avait pas entendues. Elle attend que la femme se soit éloignée pour retourner au parking. Une fois dans sa voiture, elle respire mieux. Mais elle est encore bouleversée par la tournure des événements. Elle était entrée chez eux, avait parlé à son grand-père, et d'ici quelques heures, elle retournera chez lui. Le rêve inespéré... (À suivre) A. K.