Des paysages très diversifiés et d'une beauté rare, des sites archéologiques, la mer, la montagne, le soleil et, à la clé, sans doute "le plus beau désert du monde", ainsi qualifié par de nombreux étrangers. Et, aussi et surtout, un peuple foncièrement chaleureux et accueillant, même s'il est vrai que ces attributs sont de plus en plus mis à mal des suites d'une dévalorisation visible de la bienséance et du civisme, dont il faudra bien, un jour, situer les origines et les responsabilités. De prime abord, rien ne manque à l'Algérie pour être une destination touristique prisée et concurrentielle. Mais de prime abord seulement. Car, pour le reste, il faudra repasser. Le gouvernement est déterminé à développer "un tourisme de qualité", a assuré avant-hier la ministre chargé du secteur. Comment ? "Par la réalisation de projets touristiques" et, on s'y attendait, "tel que l'a exprimé le président de la République à travers son programme (...)", explique-t-elle. Il faut bien l'admettre, les projets ne manquent pas. Ne nous attardons pas sur leur coût, leur viabilité urbanistique ou sur l'opportunité de leur localisation. Et passons aussi, pour certaines de ces futures structures hôtelières, sur les coûts écologiques et environnementaux qu'elles impliqueront pour la collectivité. Mettons tout cela sur le compte de "la part du feu", tout développement devant occasionner, semble-t-il, quelques dommages collatéraux, a fortiori dans un pays où le développement durable reste un slogan. On ne manquera donc pas d'hôtels sous peu ? Mais on n'en manque déjà pas, car ce sont surtout les touristes qui font défaut, notre désert leur étant déconseillé depuis longtemps et nos montagnes devenues inaccessibles aux meilleurs alpinistes du monde puisque l'un d'entre eux vient d'y laisser la vie dans les conditions atroces que l'on sait. Construire des hôtels, c'est bien. Surtout s'ils sont "de qualité". Encore faut-il que leur management soit conforme aux normes internationales, ce qui constitue, en soi, un défi à part entière pour un pays comme le nôtre qui, en la matière et dans tous les secteurs, accuse un déficit lourd. La construction d'un hôtel devant être perçue avant tout comme un investissement, le souci de la rentabilité doit être primordial. Sous cette incessante pluie de travel-warning qui nous tombe sur la tête, c'est, pour le moins, problématique. Des hôtels de qualité, c'est possible, à condition de délier les cordons de la bourse, ce que notre gouvernement ne rechigne pas - du moins pas encore - à faire. Un tourisme de qualité, c'est tout autre chose et le gouvernement ne nous a pas livré sa recette miracle pour y parvenir.