Les techniciens de l'ONU visitent sans informations préalables les sites qu'ils surveillent depuis mercredi. Des experts de l'ONU, lors de la coopération des Irakiens, ont conduit jeudi dernier des visites-surprise sur quatre sites proches de Bagdad suspectés par Washington d'abriter des armes biologiques clandestines. Les inspecteurs ont visité deux installations à Al-Doura, à une trentaine de km au sud de Bagdad, et deux autres à Al-Taji, à 25 km au nord de la capitale, selon leur porte-parole, Hiro Ueki. Les chefs des équipes ont dressé devant la presse un bilan positif des deux premiers jours d'inspection. "C'est un bon début", a déclaré le chef des inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), le français Jacques Baute. "Nous avons pleinement accompli notre plan d'inspection", a renchéri son homologue de la Commission de contrôle, de vérification et d'inspection de l'ONU (Cocovinu), le Grec Dimitri Perricos. L'équipe de la Cocovinu s'est rendue en premier sur un site qui abritait un laboratoire de vaccins vétérinaires à Al-Doura. Le laboratoire, qui produisait des vaccins contre l'épizootie de la fièvre aphteuse, a été mis hors service par une précédente mission de l'Onu, l'Unscom, en 1996, mais des responsables américains ont affirmé en août qu'il abritait des activités liées à la production d'armes biologiques. Les inspecteurs ont découvert que des équipements qui avaient été répertoriés par l'Unscom avaient été transférés vers un autre site proche où ils ont été aussitôt conduits, a expliqué M. Perricos. Il a toutefois minimisé la signification de ce transfert, faisant valoir que les équipements déplacés n'étaient pas à double usage, militaire et civil. "Les inspecteurs ont quitté les lieux en paraissant satisfaits, et nous sommes aussi satisfaits. Il n'y a pas eu de problème”, a pour sa part assuré à la presse, Montasser Omar, ancien directeur du laboratoire. Une autre équipe d'inspecteurs s'est rendue dans deux installations du complexe d'Al-Taji, l'usine Al-Nasser et celle de Zhu Al-Faqar qui fabriquent des équipements mécaniques. Les deux usines, qui relèvent du ministère de l'Industrie, abritent des équipements susceptibles d'avoir un usage militaire, a expliqué M. Baute. En août, des responsables américains avaient affirmé que des photos prises par un satellite espion américain avaient révélé une activité anormale sur le site d'Al-Taji, présenté comme "une installation d'armes biologiques connue". Les experts ont quitté les sites après plusieurs heures d'inspection sans faire de déclaration aux journalistes. Le bon déroulement de ces efforts qui pourraient durer des mois est nécessaire pour éviter une opération américaine contre l'Irak. Les onze inspecteurs de la Cocovinu et les six de l'AIEA ont regagné Bagdad, où se trouve le quartier général des opérations de l'Onu en Irak. Dans les jours qui viennent, le nombre des inspecteurs doit augmenter pour atteindre une centaine avant la fin de l'année, selon l'Onu, afin d'accélérer la vérification des armes de destruction massive présumées de l'Irak.