Les inspections ont démarré sous de bons auspices. Irakiens et experts semblent satisfaits de ce début. Depuis mercredi sur les lieux, les inspecteurs en désarmement de l'ONU sont entré dans le vif du sujet par l'inspection d'un certain nombre de sites suspectés, par Londres et Washington, d'abriter des activités interdites. Dans les faits, les experts ont investi jeudi quatre sites implantés à Al Doura et à Al Taji dans la grande banlieue de Bagdad. Echaudés par les menaces américaines, et encouragés par leurs amis, les Irakiens semblent, cette fois-ci, déterminés à coopérer totalement avec les inspecteurs de la Cocovinu (Mission de vérification, d'inspection et de contrôle des Nations unies) et de l'Aiea (Agence internationale de l'énergie atomique). C'est ainsi que le responsable de l'Aiea, le Français Jacques Baute, a déclaré aux journalistes à l'issue de ces premières journées d'inspection: «C'est un bon début» alors que son collègue de la Cocovinu, le Grec, Dimitri Perricos, affirme: «Nous avons pleinement accompli notre plan d'inspection». Enfin, côté irakien, Omar Montasser, l'ancien directeur du laboratoire d'Al Doura s'est déclaré satisfait. «Les inspecteurs ont quitté les lieux en paraissant satisfaits, et nous sommes aussi satisfaits. Il n'y a pas eu de problèmes», insiste-t-il dans une déclaration à la presse. Tout est donc bien? Loin s'en faut, et il faudrait, selon toute vraisemblance, attendre les prochains jours et semaines (ces inspections pourront durer plusieurs mois et même, des années), pour avoir un aperçu de ce qu'ont découvert ou non les experts onusiens. Ces derniers sont restés silencieux sur ce qu'ils ont vu sur les sites inspectés. C'est ainsi que les sites d'Al Taji et d'Al Doura ont fait l'objet des toutes premières inspections car ce sont les deux sites dont Washington avait présenté en grande pompe en août dernier les photos satellites les présentant comme étant «des installations d'armes biologiques». En septembre dernier, le Premier ministre britannique, Tony Blair, avait affirmé, présentant un dossier devant le Parlement, que ces sites abritaient des «activités interdites». C'est donc naturellement qu'ils ont fait l'objet de la première visite d'inspection de la part des experts de la Cocovinu et de l'Aiea. Selon toute vraisemblance, ces sites sont ce que les Irakiens ont toujours affirmé, soit un laboratoire de recherche sur les vaccins de la fièvre aphteuse et une usine de mécanique civile sans rapport avec le militaire. Dans ce contexte, le ministère irakien des Affaires étrangères s'est empressé, dans un communiqué rendu public hier, d'affirmer que les inspections ont «démenti les mensonges» du Premier ministre britannique. Le communiqué des Affaires étrangères irakiens relève: «Le laboratoire de recherche sur la fièvre aphteuse et l'usine Al Nasser étaient parmi les sites désignés dans le dossier de Tony Blair en septembre 2002 comme abritant des activités interdites, mais, les résultats des inspections d'hier (jeudi) ont révélé qu'il s'agissait de fausses allégations et de mensonges propagés par Tony Blair et ont permis d'exposer au grand jour ses accusations sans fondements contre l'Irak». Certes ! Toutefois, ce n'est là qu'un début et il ne fait pas de doute qu'il faudra attendre au moins quelques semaines pour avoir une idée plus ou moins vraisemblable de la réalité des armements irakiens. Car la charge des inspecteurs en désarmement est essentiellement de dire que l'Irak est désarmée et ne dispose plus d'armement prohibitif et de les détruire dans le cas contraire.