Un représentant de l'Etat algérien a tenu, hier, des propos, pour le moins étranges, sur les ondes de la radio Chaîne III. S'exprimant sur la flambée des prix des produits de consommation qui frappe de plein fouet le marché national, le directeur de la régulation au ministère du Commerce, Abdellaziz Aït Abderrahmane, a admis que la hausse des prix des légumes et des fruits se déclare la veille et durant les fêtes de l'Aïd. L'invité de la rédaction de la Chaîne III a presque imputé la faute au consommateur algérien, laissant clairement entendre qu'"il doit s'adapter à cette situation". "Je ne vois pas pourquoi celui-ci attendrait la veille de l'Aïd pour aller faire ses courses", a-t-il affirmé, estimant que l'exception "concerne le pain et les fruits et légumes". Apparemment, M. Aït Abderrahmane n'a pas mesuré les conséquences de ses déclarations, des propos pouvant être compris comme un appel d'encouragement aux personnes à l'origine de la flambée des prix ou carrément comme un constat d'impuissance d'un responsable en charge de la régulation au ministère du Commerce. Cela dit, il est vrai qu'à l'occasion des fêtes, les familles algériennes et les citoyens, en général, ont tout à gagner, en s'organisant, mais peut-on leur reprocher de ne pas avoir fait "le plein" de produits alimentaires, deux semaines ou une semaine avant le jour J ? Finalement, qui est à blâmer et qui est à punir dans cette saignée des prix des fruits et légumes, devenue récurrente ? Au cours de l'émission, le représentant du ministère du Commerce s'est limité à signaler que c'est l'augmentation de la demande de ces produits qui induit automatiquement la flambée de leurs prix. D'ailleurs, il ne manquera pas de dégager la responsabilité de son ministère, voire de l'Etat, sous le prétexte que les prix ne sont pas fixés par l'Etat, qu'ils sont, par conséquent, "libres, compte tenu de la loi de l'offre et de la demande". Le directeur de la régulation a, en outre, évoqué la question des permanences devant être assurées obligatoirement par certains commerces, durant les fêtes de l'Aïd. Dans ce cadre, il a soutenu que quelque 34 000 commerçants sont concernés par l'opération, sans omettre de noter que 2 200 brigades ont été constituées, pour relever et sanctionner, plus tard, tout manquement aux dispositions arrêtées. L'invité de la rédaction de la Radio nationale a, par ailleurs, avoué que le réseau de distribution souffre de l'insuffisance d'infrastructures, avant de rappeler l'existence d'"un programme d'urgence" destiné à réaliser 8 marchés de gros et des marchés de proximité. L'Algérie dispose, actuellement, de 1 500 marchés de détail, a encore révélé Abdellaziz Aït Abderrahmane, puis d'observer qu'il faudrait en créer 1 500 autres, pour combler le déficit et "mieux organiser les activités de commerce de fruits et de légumes". Interrogé sur l'application des marges bénéficiaires pour les produits mis sur le marché, ce dernier a expliqué qu'aucune décision n'a été prise pour le moment, non sans préciser néanmoins que la discussion a été entamée concernant les produits frais. Pour se justifier, le directeur de la régulation n'a rien trouvé de mieux que de déclarer : "Nous ne faisons attention qu'aux produits administrés dont les prix sont fixés par l'Etat."