Pour la première fois en quinze ans, "le solde des transactions courantes devrait devenir déficitaire", relève Zeïne Zeïdane, chef de la mission du FMI. La mission du Fonds monétaire international (FMI), qui a séjourné en Algérie depuis le 17 septembre dernier pour mener des discussions dans le cadre des consultations annuelles au titre de l'article IV, a pointé, une nouvelle fois, les vulnérabilités de l'économie algérienne. Certes, la mission, conduite par Zeïne Zeïdane, un économiste mauricien, note que "l'Algérie se trouve dans une situation enviable car elle a constitué, au fil des ans, une marge de manœuvre considérable sur les plans extérieur et budgétaire, grâce à sa richesse en hydrocarbures". Cependant, souligne la mission, dans son communiqué, "les risques qui pèsent sur la stabilité macroéconomique s'accentuent". Pour la première fois en quinze ans, relève Zeïne Zeïdane, "le solde des transactions courantes devrait devenir déficitaire". En d'autres termes, les importations de marchandises et de services, ainsi que le montant des revenus et des transferts versés à l'étranger l'emportent sur les mouvements inverses. Cela signifie que le pays dépense plus qu'il ne produit, donc qu'il ne gagne. Le recul de la production d'hydrocarbures, la forte consommation intérieure et la baisse des cours du pétrole pèsent sur les exportations, tandis que les importations continuent d'augmenter. Pour inverser cette tendance, la mission du FMI estime qu'"il faudra investir davantage dans le secteur des hydrocarbures, accroître les prix intérieurs des produits énergétiques, disposer d'un taux de change plus compétitif et accroître et diversifier sensiblement les exportations hors hydrocarbures". Pour redresser la production dans le secteur des hydrocarbures, il faut beaucoup plus d'investissements. Mais pour l'instant, les compagnies étrangères ne se précipitent pas. Les résultats "décevants" du 4e appel d'offres d'Alnaft portant sur la mise à la concurrence de blocs d'exploration d'hydrocarbures le confirment. En raison de la diminution des recettes des hydrocarbures, d'une nette augmentation des dépenses en capital et du maintien d'un niveau élevé de dépenses courantes, le déficit budgétaire devrait se creuser à plus de 6%, prévoit Zeïne Zeïdane. Le solde du Fonds de régulation des recettes devrait accuser un repli pour la deuxième année consécutive Le solde du Fonds de régulation des recettes demeure considérable, mais il devrait accuser un repli pour la deuxième année consécutive. "Il est nécessaire de mener un travail ambitieux et soutenu de rééquilibrage des finances publiques pour placer la politique sur une trajectoire viable et veiller à épargner la richesse des hydrocarbures pour les générations futures", suggère le FMI. Ce travail de rééquilibrage doit passer par une plus forte mobilisation de recettes hors hydrocarbures et par une maîtrise des dépenses courantes, notamment salariale. Par ailleurs, la mission du FMI a renouvelé sa recommandation en faveur de l'adoption d'une règle budgétaire pour aider à gérer les recettes provenant des hydrocarbures et imposer une discipline en matière de dépense. Une règle budgétaire, fondée sur un prix rétrospectif moyen du pétrole et plafonnant le solde primaire structurel sur la base de la viabilité des finances publiques à long terme, permettrait d'améliorer la gestion des recettes des hydrocarbures. La mission du FMI indique que de manière générale, le secteur financier se porte bien, mais il est insuffisamment développé. Des réformes s'imposent pour améliorer l'accès au financement, notamment pour les petites et moyennes entreprises et les ménages. En outre, la cotation des entreprises publiques performantes serait de nature à développer le marché boursier. La mission salue les mesures adoptées par les autorités pour commencer à mettre en application les recommandations de la mission du programme d'évaluation du secteur financier de 2013. La croissance du produit intérieur brut devrait s'élever à 4% en 2014 La croissance du produit intérieur brut devrait s'élever à 4% cette année, contre 2,8% en 2013, prévoit la mission du FMI. Zeïne Zeïdane relève que pour la première fois en huit ans, le secteur des hydrocarbures devrait connaître une expansion, et dans les autres secteurs, la croissance demeure porteuse, notamment dans les BTP et les services. Pour rappel, dans son rapport sur les perspectives économiques mondiales, publié le 8 avril dernier, le Fonds monétaire international (FMI) avait prévu pour l'Algérie une croissance économique de 4,3% en 2014 et de 4,1% en 2015. Le gouvernement, dans la loi de finances 2014, tablait sur une croissance économique de 4,5% globalement et de 5,4% hors hydrocarbures. La mission du FMI note que l'Algérie bénéficie d'une stabilité macroéconomique, "mais elle a besoin d'une croissance plus rapide et plus inclusive afin de créer suffisamment d'emplois pour une population jeune". Pour relever ce défi, il faudra mener de vastes réformes structurelles propices à l'épanouissement du secteur privé. "Des réformes s'imposent pour améliorer le climat des affaires, lever les contraintes à l'investissement étranger, promouvoir l'intégration au commerce international et réduire les rigidités du marché du travail", souligne le communiqué de la mission. Zeïne Zeïdane propose, entre autres, de limiter la règle 51/49% relative à l'investissement étranger aux secteurs stratégiques, notamment les hydrocarbures et les TIC. Le représentant du FMI prévoit, également, un net repli de l'inflation qui devrait se situer en dessous de 2%, en partie grâce au resserrement de la politique monétaire. Cependant, a-t-il averti, elle requiert un suivi rapproché compte tenu du risque de nouvelles tensions inflationnistes.