Il est devenu récurrent que l'absence d'informations constitue un portail ouvert à la rumeur. L'Algérie est certainement le pays qui communique le moins, et ce n'est pas faute d'éléments compétents en la matière. Le culte du secret, hérité de la guerre de Libération nationale, relayé ensuite par le Malg, a forgé des générations d'Algériens qui avaient même peur de leur ombre. À cette époque-là, c'est celui qui détenait l'information qui détenait le pouvoir. Le fait d'en faire un partage était considéré comme une hérésie. Stigmate de cette période, ni la Présidence ni le Premier ministère n'ont un porte-parole. Mais à l'ère d'Internet et de l'explosion des réseaux sociaux, aucune information ne peut être empêchée de circuler librement, sans souci de la véracité du contenu et de la fiabilité du message. L'absence du Président de la scène nationale à des moments importants dans la vie d'un pays a de quoi faire prêter l'oreille à toutes les supputations, y compris les plus fantaisistes. Elle constitue un champ libre à toutes les manipulations. Le Président est malade et ce n'est un secret pour personne, mais c'est aussi une raison de donner régulièrement son bulletin de santé, au moins, par égard, à ceux qui lui ont confié les rênes du pays pour un quatrième mandat. Ce silence inapproprié renforce le doute sur ses capacités à gouverner et alimente une rumeur jamais repue faute d'information. Et, comme toujours, la réplique à chaque bouleversement se résume à créer un événement de circonstance pour mettre fin au doute. La parade aujourd'hui consisterait à mettre en scène l'audience accordée à l'ancien ministre des Affaires étrangères, Lakhdar Brahimi. Mais l'info et les quelques images qui ont été diffusées suffiront-elles à étouffer cette rumeur qui alimente au-delà des cafés, les réseaux sociaux, qui, on le sait, en raffolent ? O A [email protected]