À défaut d'information, la rumeur gagne et les maladresses s'accumulent. C'est ainsi que l'on peut résumer cette situation où chacun suppute, à qui mieux mieux, sur la santé du président de la République. Faute d'informations fiables et exactes, les différents intervenants concernant le chef de l'Etat ont fait dans l'approximation et le commentaire. Qu'il s'agisse du Premier ministre ou du conseiller Rezag Bara. Dans un état normal, ou tout au moins normalisé, il appartient à la présidence de la République de rendre public un communiqué officiel qui l'engage et au médecin personnel du chef de l'Etat de donner un bulletin de santé hebdomadaire, puisque la semaine d'hospitalisation initialement prévue est largement dépassée. C'est d'ailleurs cette longue hospitalisation et l'absence de communication qui ont poussé les médias à s'informer auprès d'autres sources, au danger que certaines soient troubles. Par cette pratique de faire, pour ne pas dire comportement, le pouvoir continue à évoluer dans l'opacité et à considérer les citoyens, les premiers à avoir porté Bouteflika au pouvoir, comme des immatures à qui on peut tout cacher. La maladie n'est pas une tare et le Président, comme Socrate, est mortel. Alors à quoi obéit cette cascade et mascarades de cachotteries dont personne n'est dupe ? Maladresse aussi, cette autosaisine du parquet général près la cour d'Alger contre un confrère qui n'a, à la limite, fait que son travail : celui d'informer. Est-ce plus grave que ces affaires de corruption à grande échelle, évaluées à des dizaines de millions de dollars sans que ce même parquet s'en inquiète ? Plus grave encore, la survivance de censeurs au sein des entreprises d'impression qui surveillent les journaux avant tirage. Sinon comment expliquer la non-parution de deux titres ? Cette pratique, appelée imprimatur, mise en place au temps de la décennie rouge où des titres étaient suspendus pour le délit d'avoir publié des informations sécuritaires, existe-t-elle encore ? L'état d'urgence a été levé, la nouvelle loi sur l'information garantit la liberté d'informer et l'imprimeur n'est en fin de compte qu'un prestataire de service. Cet amalgame dans lequel se sont engouffrés les pouvoirs publics ajoute une cacophonie dont on pouvait se passer. Surtout en ces temps de turbulences où le citoyen souhaite qu'on se penche sur son cas. O A [email protected] Nom Adresse email