Pour le président de l'Association France-Algérie, sa visite de quatre jours en Algérie traduit "une ambition commune à forger au service de la paix dans le monde". Le président de l'Association France-Algérie, Jean-Pierre Chevènement, a fait montre d'optimisme s'agissant des relations algéro-françaises. Son arrivée en Algérie, et surtout son déplacement à Tizi Ouzou, avaient pour but de rassurer les uns et les autres, au lendemain de l'assassinat d'Hervé Gourdel. "L'amitié algéro-française n'est pas altérée. Ces crimes, vous les avez subis", dira-t-il, tout en rendant hommage au travail de l'Armée algérienne et à sa détermination à poursuivre les assassins de l'alpiniste français. Dans une conférence tenue samedi soir à l'Institut français d'Alger, il a estimé que "l'Algérie est, pour la France, le plus proche pays émergent et dont la réussite nous importe. Nous devons nous respecter, nous aimer, ce qui n'empêche pas des scènes de ménage. Nos relations se portent bien. Elles sont excellentes. Nous devons enterrer, définitivement, les séquelles de l'époque coloniale et regarder vers l'avenir". Pour le président de l'Association France-Algérie, sa visite de 4 jours en Algérie traduit "une ambition commune à forger au service de la paix dans le monde". Mais "ce vieux couple" algéro-français a besoin de se parler, en toute franchise, en toute sérénité, notamment en ce qui concerne les défis communs auxquels il doit faire face. J.-P. Chevènement commencera par les relations bilatérales appelées, selon lui, à connaître un meilleur essor. Il ne comprend pas comment la France qui, en matière d'IDE, débourse quelque 2 000 milliards de dollars à travers le monde, n'en réserve qu'une vingtaine de milliards à la région du Maghreb. Pourtant, reconnaît-il, l'Algérie dispose d'importants atouts. Elle est, pour la France, "son vis-à-vis naturel, la puissance centrale du Maghreb", notamment avec sa profondeur africaine. L'Algérie possède le 1er PNB du Maghreb et le 4e en Afrique. Pour lui, l'histoire de l'Algérie, le prestige de sa diplomatie sont le fait qu'elle dispose d'un Etat, au moment où beaucoup de pays n'en ont pas encore. "Il n'y a aucune raison pour ne pas avoir confiance en l'avenir de ce pays", dira-t-il en substance. C'est pourquoi, il estime nécessaire la participation de la France dans les efforts de diversification de l'économie algérienne. Mais, en matière de défis communs, l'Algérie et la France auront fort à faire, et pas seulement dans le domaine économique. La sécurité dans la région du Sahel interpelle les deux pays. "Ce sont des milliers de kilomètres, ce sont des zones de passage, de trafic. Il faut assurer un certain contrôle, pour le bien de tout le monde", dira l'orateur qui respecte la position de l'Algérie refusant tout déploiement de son armée hors de ses frontières. La coopération en matière de lutte antiterroriste et contre le radicalisme religieux doit, selon l'orateur, éviter la confusion avec la résistance. Tout en plaidant pour la non-ingérence dans les affaires des Etats, l'orateur dira que l'Algérie a été l'un des rares pays africains à disposer d'un Etat. "Nous devons, ensemble, aider les pays africains à se construire sur des bases solides". À ce sujet, il citera le cas malien. "Pas question de fragmenter le pays", dira-t-il, avant de plaider pour une régionalisation, "plutôt un partage du pouvoir qu'un partage du territoire", pour reprendre l'expression du ministre algérien, Abdelkader Messahel. Pour M. Chevènement, la lutte antiterroriste passe par l'assèchement du terreau de ce dernier. Dans ce sens, il appuie la démarche algérienne consistant à réunir les communautés maliennes. Le même appui est exprimé s'agissant de la médiation algérienne dans le conflit libyen, à travers le dialogue inclusif devant réunir toutes les parties en conflit. Pour le conférencier, la question du radicalisme religieux est, d'abord, l'affaire des Etats concernés, qui doivent faire l'effort, notamment dans le domaine de l'éducation pour combattre ces idées extrémistes. Mais il estime que l'Occident a une part de responsabilité et citera, dans ce sens, les différentes ingérences de la CIA, en faveur des Frères musulmans en Egypte, pour contrer le président Nacer, ou encore leur soutien aux talibans contre l'ex-URSS. Toutefois, J.-P. Chevènement reconnaîtra que le fond du problème reste la question palestinienne, victime de la politique des deux poids, deux mesures.