Vingt et un chefs militaires des pays membres de la coalition contre Daech, dont Bahreïn, la Jordanie, le Qatar, l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, qui jouent un rôle dans les frappes aériennes contre le groupe terroriste, se retrouveront mardi à la base aérienne d'Andrews, dans la banlieue de Washington. Les Occidentaux qui ont exclu jusqu'à présent de déployer des troupes au sol, en sus des forces spéciales, pour identifier les cibles, vont-ils revoir leur attitude ? Pas sûr. Il y a fort à craindre que les actuelles frappes continuent à galvaniser Daech. Certains spécialistes pensent que l'actuelle intervention américaine, appuyée par des alliés européens et arabes, risque de faire de ces derniers d'incontournables « sergents recruteurs » des organisations terroristes qui continuent « à grossir, se renforcer, recruter et se financer ». Au menu de cette réunion convoquée par le plus haut gradé de l'armée américaine, le général Martin Dempsey, et le commandant pour le Moyen-Orient et l'Asie centrale, le général Lloyd Austin, « l'examen des efforts de la coalition contre le groupe terroriste » dont l'offensive est entrée lundi dernier dans son troisième mois en Irak et sa troisième semaine en Syrie. Le département d'Etat qui dit redouter des attentats contre des intérêts occidentaux à travers le monde, en représailles aux opérations militaires contre Daech, veut deux choses : avoir accès à la base d'Incirlik en Turquie pour pouvoir y baser des avions de chasse, et convaincre certains pays comme la Turquie, l'Arabie saoudite, la Jordanie, de s'impliquer davantage militairement contre le groupe terroriste. Selon le journal londonien Times, les trois pays auraient donné leur accord pour la formation d'une armée de 4.000 hommes. En attendant, Daech qui s'est emparé d'un fief de 120.000 km2, pétrolier de surcroît, en Irak et en Syrie, poussant à la fuite des centaines de milliers de personnes, dont 200.000 ont trouvé refuge en Turquie, continue sa progression. et ce, malgré les frappes aériennes américaines. Dernière mère de toutes les batailles : Kobané, la troisième ville kurde de Syrie que le groupe terroriste a prise à 40%. Staffan di Mistura, l'émissaire spécial de l'ONU pour la Syrie, craint un massacre dans cette ville semblable à celui de Srebrenica en ex-Yougoslavie. « 10.000 à 13.000 habitants se trouvent dans la zone frontière entre la Turquie et la Syrie et beaucoup sont encore à l'intérieur de la ville », dit-il. « Si elle tombe, les civils seront très probablement massacrés ». En Europe, certains analystes redoutent l'importation de ce conflit. Plus de 20.000 Kurdes ont manifesté hier pacifiquement dans les rues de Dusseldorf (Allemagne) contre Daech. Des manifestations semblables ont eu lieu mardi soir à Hambourg. A Vienne (Autriche), une manifestation en faveur des populations kurdes de Syrie a rassemblé vendredi dernier entre 2.000 personnes selon la police et 7.000 personnes selon les organisateurs.