Les violents affrontements intercommunautaires qui ont, de nouveau, éclaté dimanche et lundi à Berriane, se sont poursuivis hier matin, par intermittence, au niveau des quartiers Baba-Saâd et Beladis, où un atelier de confection et deux magasins, appartenant à des Mozabites, ont été incendiés dans la nuit de lundi à mardi. La situation demeure donc très tendue et un climat lourd enveloppe toujours la capitale du M'zab, déserte, où la totalité des commerçants ont préféré baisser leurs rideaux. Ghardaïa est désormais sur une poudrière qui risque d'éclater à tout moment. Et ce n'est certainement pas la protesta enclenchée par les éléments de la Sûreté nationale et qui ont de nouveau battu le pavé hier à Ghardaïa qui arrangera les choses. Le déplacement du DGSN, lundi, dans la capitale du M'zab n'a visiblement pas permis de désamorcer la crise. La protesta des policiers, au départ circonscrite, s'est élargie ensuite pour toucher les agents dans les localités de Berriane et Guerrara. Les policiers ont, en effet, observé un sit-in devant les sièges de la sûreté de daïra dans ces localités, avant de rejoindre, en début d'après-midi, les protestataires rassemblés devant le siège de la sûreté de wilaya de Ghardaïa. Le gouvernement, qui a été jusque-là incapable de ramener le calme dans cette région du pays, a renvoyé en toute urgence le ministre de l'Intérieur pour tenter de calmer la situation. Le retrait de la police des zones sensibles risque, en effet, de compliquer davantage le bourbier ghardaoui, surtout que les autorités politiques demeurent aux abonnés absents. Lundi et mardi, certains énergumènes ont, précisément, profité de cette absence sur le terrain des services de sécurité pour s'en prendre aux véhicules des particuliers qu'ils ont caillassés et aux commerces qu'ils ont pillés et incendiés. Du côté de la communauté mozabite, des appels ont été lancés en direction des notables et du Comité de coordination et de suivi (CCS) pour reprendre les manifestations pacifiques visant à interpeller, une nouvelle fois, les hautes autorités du pays sur la dangerosité de la situation qui prévaut dans la région et qui peut déraper à tout moment. Des centaines de personnes ont, d'ailleurs, pris part à une marche pacifique, hier à Berriane, pour réclamer la justice et la vérité sur la mort de deux jeunes lors des échauffourées qu'a connues la région dimanche et lundi. Cette marche a été ponctuée par un rassemblement devant le siège de la daïra où les représentants des marcheurs ont soumis au chef de daïra leurs revendications écrites, avant de se disperser dans le calme. Ce que l'on redoute le plus dans cette région meurtrie par plusieurs années d'affrontements intercommunautaires c'est cette absence prolongée de l'Etat qui ne semble pas se soucier de la gravité de la situation. Le changement de wali n'a, quant à lui, rien apporté en fin de compte et les policiers se sont légitimement sentis abandonnés par les autorités à la fureur d'interminables affrontements. Faut-il attendre un bain de sang pour enfin daigner s'occuper sérieusement de ce dossier explosif ? H. Saïdani/A. Hadj Daoud