La revendication des policiers est légitime et normale en ce sens qu'ils sont des travailleurs comme les autres. Le fait de se constituer en syndicat est aussi un droit dans un pays démocratique. Cette sortie inattendue des agents de l'ordre, qui a commencé à Ghardaïa et qui a gagné Alger et d'autres villes, a surpris les responsables hiérarchiques de cette institution à tous les niveaux. La volonté de vouloir s'organiser relève d'une décision juste, pour mener, dans un cadre organisé, leurs revendications, à commencer par les conditions de travail. Ensuite, cela leur permettra de sortir du créneau restreint qui leur est imparti, à savoir être et se comporter comme un instrument de répression. Un policier n'a pas pour mission de traquer les manifestants à chaque bout de rue, d'interdire des marches, même pacifiques. En un mot, à jouer le méchant. Leur démonstration de force a étonné les citoyens et a ébranlé les responsables pris de court. Ils ne sont pour le moment que quelques centaines, mais ils seront, dans peu de temps, si aucune issue n'est trouvée, des milliers répartis à travers le territoire. Une chose pourtant fausse une lecture à réduire à une plateforme de revendications syndicale de 19 points, si la première n'était pas la démission du premier responsable de la DGSN. Cette condition, qui ne relève pas d'une revendication syndicale, peut appeler une autre lecture de nature politique. Selon certains observateurs, la guerre pour la succession a déjà commencé et chaque partie cherche à désarçonner l'adversaire, et la façon dont est gérée cette fronde en ce moment est un aveu d'une vacance du pouvoir. Nous étions habitués par le passé à voir monter au premier plan de la revendication les ports et les facultés puis, dans un passé encore récent, la zone industrielle de Rouiba. Cette fois, c'est un corps constitué qui monte au créneau et il n'est pas des moindres. La résolution des marcheurs et la torpeur faite d'indécisions des responsables montrent que le bras de fer ne fait que commencer et qu'il dépasse la revendication sociale. O. A. [email protected]