Les �tudiants de la coordination locale (CLE) de l�universit� de Tizi-Ouzou, avec le soutien du MCB, ont r�ussi leur pari, en organisant une marche � laquelle ont pris part plusieurs milliers de marcheurs, pr�s de quatre mille, selon la police et diverses estimations, pour la c�l�bration du Printemps berb�re. Il �tait plus de dix heures, dans la matin�e de jeudi dernier, sur le parcours habituel de la contestation depuis 26 ans et qui va du portail du campus de l�universit� jusqu�au si�ge de la wilaya. Les �tudiants et �tudiantes qui constituaient le fort contingent des marcheurs �taient � la t�te de la procession qui s��tait �branl�e lentement. D�autres carr�s constitu�s de personnes plus �g�es suivaient derri�re. Plusieurs figures du monde politique et du MCB comme le Dr Sa�d Sadi du RCD et de nombreux militants et �lus de ce parti ainsi que ceux du Parti des travailleurs (PT), Mohamed Amarouche, Sa�d Khelil, Sa�d Boukhari du MCB, ont �t� aper�us au milieu des carr�s et venant, tr�s loin derri�re, ceux des �tudiants. Les marcheurs criaient et brandissaient des slogans color�s et quelquefois bigarr�s o� se m�lent l�humour persifleur, le tragique et la col�re. Au c�t�s des slogans, motivant l�essentiel de la mobilisation revendiquant �Tamazight langue officielle !�, on pouvait lire et entendre d�autres mots d�ordre comme �non au d�shonneur de l�universit� de Tizi-Ouzou, non � une justice aux ordres, les �tudiants fid�les au combat de 1980 et au combat d�mocratique, pour le respect des droits de l�homme, non � l�amnistie amn�sie, Kabylie d�mocratique...� On entendra aussi des marcheurs criant �Lib�rez les journalistes, jugez les terroristes, lib�rez Benchicou�. Le pouvoir a bien s�r �t� brocard� par ce cri, h�ritage des �v�nements cons�cutifs � la mort du jeune Guermah �Pouvoir assassin�, par les manifestants qui criaient �mazalagh d�imazighen (on est toujours des Amazighs) !� Des �tudiants se faisant persifleurs crient �Le prix du p�trole grimpe et la bourse des �tudiants non�. Des �l�ments des services de police, d�ploy�s en grand nombre mais discrets, tenteront � plusieurs reprises de ralentir les marcheurs, en attendant que le rassemblement organis� au centre-ville, sur l�itin�raire de la marche se termine. La tension monte � l�approche du rond-point le Djurdjura, on craint les d�bordements et les provocations. Les policiers f�briles demandent aux organisateurs de ralentir le rythme et de calmer les marcheurs. D�autres fonctionnaires persuadent les animateurs du rassemblement � lever le camp ; une marche sera improvis�e. Les marcheurs de la CLE et du MCB poursuivent leur procession qui se terminera devant le si�ge de la wilaya avec la lecture d�une d�claration de la coordination des �tudiants. S. A. M. IMPRESSIONS Sa�d Sadi (RCD) : �Mon sentiment apr�s cette marche ? Il est double : confiance et fiert�. Je suis confiant, parce que malgr� l�argent qui a �t� vers� ici pour polluer cette date symbole, la population est l� dans la rue et dans la bonne direction et avec de bons principes. Je suis fier parce que l��crasante majorit� des marcheurs sont des jeunes malgr� qu�on ait tout fait pour brouiller les rep�res et les couper de la m�moire et la m�moire est transmise.� Sa�d Khelil (MCB) : �Je suis pr�sent dans cette marche par fid�lit� � la symbolique du 20 Avril. Le symbole est d�autant plus fort que c�est l�universit� de Tizi- Ouzou qui �tait, ne l�oublions pas, au centre des �v�nements du Printemps berb�re, qui est derri�re l�initiative de la marche d�aujourd�hui. Je suis fier et optimiste, car les valeurs du 20 Avril persistent et prises en charge par ces jeunes. Il y a des avanc�es, mais des difficult�s subsistent. L�essentiel est que l�esprit de ce combat persiste et c�est important que ce soit les �tudiants qui reprennent le flambeau de la revendication. Le t�moin est transmis, m�me difficilement.� Sa�d Boukhari (MCB) : �L�universit� a �t� de tout temps un berceau de la lutte pour la d�mocratie et de la revendication identitaire. L�universit� a �t� pour beaucoup de raisons mise � l��cart de la contestation et des luttes politiques, aujourd�hui elle commence � reprendre le r�le qui a, toujours �t� le sien. Il appartient � la jeunesse �clair�e, aux �tudiants et � la communaut� universitaire de jouer leur r�le d��clairage de la soci�t� et d�avant-garde des luttes pour le changement d�mocratique et pour le recouvrement de l�identit� amazighe dans toutes ses dimensions.� Mouloud Lounaouci (MCB) : �La marche et la c�l�bration du 20 Avril par le MCB et les �tudiants s�inscrivent dans la continuit� des luttes men�es par plusieurs g�n�rations de militants. L�explosion et les �v�nements du Printemps 1980 sont l�aboutissement d�un combat de longue haleine, dira M. Lounaouci dans un point de presse organis�, hier vendredi, � l�h�tel Lalla Khadidja de Tizi-Ouzou. Le pouvoir qui n�a pas d�emprise sur le MCB, utilise plusieurs moyens, la structuration de la d�linquance et la corruption, pour casser sa l�gitimit� et sa popularit�. Le nombre et la qualit� des marcheurs o� il y a des femmes, des jeunes et des adultes est un signe sur la vigueur et la bonne sant� du mouvement qui refuse le sectarisme. C�est r�confortant de voir les jeunes reprendre le flambeau, m�me si les anciens ne sont pas touch�s par l�usure. Il y a eu des man�uvres dignes des r�gimes fascistes pour d�voyer et r�cup�rer la dynamique du Printemps berb�re.�