La crise ukrainienne est à la croisée des chemins, entre un optimisme mesuré né suite au mini-sommet qui a rassemblé hier à Milan plusieurs dirigeants européens et les présidents russe et ukrainien, et les menaces de Poutine de couper les approvisionnement de gaz à l'Europe, durant cet hiver. A cette rencontre qui s'est tenue, en marge du 10e sommet de l'Asem, qui rassemble pays européens et asiatiques, le président russe et son homologue ukrainien y ont pris part hier matin à la préfecture de Milan. Ils y ont été rejoints par Mme Merkel, M. Hollande, M. Cameron, M. Renzi et les dirigeants de l'Union européenne Herman Van Rompuy et Jose Manuel Barroso. Ce mini-sommet a été précédé d'une série de rencontres bilatérales, dont un long tête-à-tête de deux heures et demie, entre Mme Merkel et le président russe tard jeudi soir. Au cours de cet entretien "prolongé et détaillé", M. Poutine et Mme Merkel "ont vérifié de façon minutieuse la mise en œuvre des accords signés à Minsk le 5 septembre qui ont permis l'instauration d'un cessez-le-feu -- régulièrement violé -- dans l'est de l'Ukraine entre combattants séparatistes et forces loyales à Kiev", a précisé M. Peskov. Les discussions lors de ce tête-à-tête devaient inévitablement porter sur la situation en Ukraine, notamment l'état d'application de l'accord de Minsk, mais aussi l'approvisionnement en gaz de l'Europe. Plusieurs dirigeants européens ont jugé "positive" cette rencontre, ayant duré environ une heure et demie, qui nourrit l'espoir de ramener enfin la paix dans l'est de l'Ukraine. Un constat que partagent d'ailleurs les dirigeants des deux camps, notamment le chef du gouvernement italien Matteo Renzi et le Premier ministre britannique David Cameron, d'un côté, et le président Poutine de l'autre côté. Seulement voilà, il est relativisé par les déclarations du porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, selon lequel, de sérieuses divergences persistent encore entre Russes, Ukrainiens et Européens. Toutefois, une nouvelle rencontre, était prévue hier encore vers 13h00 (11h00 GMT) entre les dirigeants russe et ukrainien, en présence de la chancelière allemande Angela Merkel et du président français François Hollande. Cette réunion se tiendra ainsi au "format Normandie", celui d'un entretien organisé le 6 juin en marge des commémorations du Débarquement allié en Normandie, selon une source proche de la présidence française. Qu'à cela ne tienne, même si les Européens restent sceptiques sur l'issue des entretiens russo-ukrainiens engagés depuis août, ils semblent toutefois dans l'obligation de tout mettre en œuvre pour éviter l'escalade avec la Russie. Car au delà des professions de foi, les combats se poursuivent toujours sur le terrain. Preuve en est que onze soldats ukrainiens étaient portés disparus hier après être tombés dans une embuscade dans la région de Lougansk. la crise est montée d'un cran, aussi, après les menaces de Vladimir Poutine, proférées quelques heures avant son arrivée à Milan, de couper le robinet cet hiver si le contentieux avec l'Ukraine sur les livraisons de gaz n'était pas résolu. De "grands risques" de perturbations des livraisons de gaz sont à craindre, faute d'accord dans le conflit gazier entre la Russie et l'Ukraine, a-t-il prévenu. Les Européens espèrent régler ce problème mardi à Bruxelles, lors de négociations avec les Russes et les Ukrainiens. A. R.