remercie toutes celles et tous ceux qui, chacun à sa manière, lui ont manifesté leur profonde sympathie lors du décès de sa fille Ida. Je n'étais en mesure de voir personne, et je m'en excuse, préférant le silence pour me souvenir de ce qu'a été sa vie, une vie difficile étant donné mon engagement profond pour I'Algérie. Elle était secrète Ida et n'a pas voulu avoir de tombe sur laquelle on viendrait se recueillir. C'est son choix et je le respecte. Et, dans le silence, je me suis tournée, comme je le fais souvent, vers les chouhada dont beaucoup avaient des enfants, et qui ont donné leur vie simplement, courageusement, dans un élan plein de générosité, de solidarité profonde et de conviction très forte. Et ils m'ont rappelé qu'à I'Indépendance, nous avions 90% d'analphabètes. Et ils ont donné leur vie pour nous, pour que nous puissions vivre dans la dignité et la paix... Et je me suis tournée aussi vers leurs veuves, analphabètes pour la plupart (certaines ont été obligées de faire des ménages) et qui ont élevé leurs enfants dans le silence, en en faisant, pour certains, des médecins, des avocats, des ambassadeurs, des cadres de I'Etat... toujours dans le silence. Et c'est dans ce silence que j'ai puisé la force nécessaire. Et je voudrais remercier, tout particulièrement, les sœurs moudjahidate qui, en quelques mots dans la presse, m'ont rappelé leur style anonyme mais émouvant, simple, venant du cœur et dans I'anonymat total, celles qui ont fait de moi, en prison, une autre femme. C'était signé "des moudjahidate", tout simplement. Et j'ai pleuré. Merci également aux deux amis merveilleux qui m'ont aidée sans poser de questions. Merci à toutes et à tous.