Plusieurs mouvements de protestation des citoyens ont été enregistrés depuis l'été passé. Ils veulent crier haut et fort leur colère face à ce qu'ils considèrent comme un laisser-aller de la part de certains personnels médicaux. Le secteur de la santé publique à Ouargla a été dernièrement l'objet de nombreuses critiques de la part de l'opinion publique face à plusieurs problèmes, notamment l'encombrement des services des urgences, un personnel médical dépassé et la mauvaise prise en charge des malades. Le nouveau service des urgences médicales et chirurgicales actuellement en construction pourrait donc constituer une bouffée d'oxygène pour les malades de la région. "Ce nouveau service des urgences médicales, chirurgicales et autres a pour vocation d'accueillir et de prendre en charge, H24, tous les jours de l'année, toute personne se présentant en situation d'urgence, des malades ou blessés quelle que soit la spécialité dont relèvent ces derniers", dit Fadhel Mossadek, le directeur de l'établissement hospitalier Mohamed-Boudiaf. Le service en cours de construction dans l'établissement va contenir des salles de consultation médicales et de surveillance qui permettront d'accueillir sur place les malades nécessitant des soins d'observation continue ou les patients en attente d'une admission pour une hospitalisation, précise le directeur. De plus, un bloc opératoire de chirurgie urgentiste pour les cas nécessitant une intervention immédiate y sera notamment installé et équipé de plateaux médico-techniques complets, bénéficiant de matériels de dernière génération pour certains examens et interventions, en plus d'un laboratoire d'analyses de biologie médicale. Le directeur de l'hôpital Mohamed-Boudiaf se déclare satisfait des améliorations apportées, surtout après l'installation de médecins spécialistes et paramédicaux expérimentés, venus renforcer l'établissement hospitalier qui a longtemps souffert du manque de personnel médical spécialisé. "60 coopérants médecins spécialistes cubains des plus qualifiés sont déjà présents dans les différents services de l'hôpital Mohamed-Boudiaf", indique-t-il. 250 patients atteints de cancer sont traités quotidiennement dans le service du cancer viennent pratiquement de toute la région est du pays. Un service donc qui assure une qualité de soin reconnue, que ce soit sur le plan du médicament, de la radiothérapie ou de la chimiothérapie, en attendant l'introduction de la nucléo-thérapie dans un avenir proche. "La pharmacie de l'hôpital dispose de médicaments génériques de qualité, certains nous ont coûté jusqu'à 500 000 DA pour les cancéreux seuls ! En plus, on compte se lancer, prochainement, dans le domaine moderne de la médecine nucléaire du traitement du cancer, vu le nombre important des patients atteints qui nous viennent de partout", promet M. Fadhel. Complexe mère-enfant : parturientes en souffrance Bien que les services de santé aient connu une amélioration remarquable tant sur le plan structurel et de l'aménagement que sur le plan médical, le complexe mère-enfant de Sidi Abdelkader demeure l'institution la plus décriée par les citoyens dans le secteur de la santé de la wilaya, surtout après le décès de six parturientes et plusieurs bébés à la maternité. Ceci a profondément secoué la société ouarglie et engendré plusieurs mouvements de protestation depuis l'été passé de la part des citoyens et des activistes de la société civile qui ont, à plusieurs reprises, crié haut et fort leur colère face à ce qu'ils considèrent comme du laisser-aller de la part du personnel médical du complexe. En effet, plusieurs décès de parturientes et de nouveau-nés, dont on ignore le nombre et les causes, ont été enregistrés depuis l'ouverture de l'établissement en octobre 2013. Mebarka A., 32 ans, est la dernière victime. Une jeune maman de 3 fillettes décédée le 30 septembre passé, après une hystérectomie pratiquée suite à une hémorragie survenue à l'accouchement après l'utilisation du forceps. Sa mort et celle de trois nouveau-nés a été la goutte qui fait déborder le vase et a provoqué une vague d'indignation au sein de la population. Les familles des victimes et époux de nombreuses femmes affirmant avoir été maltraitées pendant l'accouchement sont convaincus que les décès sont le résultat de la négligence et de l'incompétence de l'équipe médicale et accusent notamment les responsables de la maternité d'avoir laissé des sages-femmes effectuer des accouchements instrumentés en l'absence de spécialistes-obstétriciens, qui ont conduit aux décès. Selon les chiffres qui nous ont été communiqués, 6 décès ont été enregistrés depuis l'ouverture du complexe. Cependant, le directeur de la maternité, M. Gassoum, affirme, dans un entretien à Liberté, que le nombre de décès est loin d'être alarmant, vu le nombre important d'accouchements mensuels qui atteint souvent 900, et que sur 1000 bébés, 10 à 15 seulement décèdent. En réponse à une question sur la maltraitance des parturientes, le directeur de la maternité met cela sur le compte de la surcharge et de la pression que vivent les sages-femmes, vu le manque de médecins spécialistes. A rappeler que les décès se sont produits en présence de l'équipe cubaine composée de spécialistes en gynécologie-obstétrique, de réanimateurs, de pédiatres et de néonatalogistes, en plus de l'équipe algérienne. Or la commission d'enquête du ministère de la Santé, composée d'un médecin et d'une sage- femme, installée à la maternité, lors d'un entretien au bureau du directeur de la santé et de la population, nie complètement les déclarations des protestataires et affirme que la mortalité maternelle est due surtout à la non-prise en charge des parturientes pendant la période de la grossesse. Ce que démentent les familles des victimes, qui, munies de rapports médicaux complets, assurent que ces femmes ont été suivies par des spécialistes connus jusqu'à l'accouchement, et confirment, selon les derniers comptes rendus, que l'état des femmes et des bébés décédés était normal et ne nécessitait aucune prise en charge particulière. Cela étant, la négligence des parturientes dans les maternités semble devenir un phénomène bien installé chez nous. Pratiquement, tous les témoignages que nous avons recueillis concordent à dire que les femmes arrivent, généralement, à l'hôpital rassurées et animées d'un a priori positif à l'égard du personnel médical qui les accueille. Mais une fois dans la salle d'accouchement, elles changent rapidement d'appréciation. Beaucoup de femmes sortent, de la maternité avec des séquelles physiques sérieuses et des traumatismes psychiques pénibles qui durent parfois éternellement. G. Chahinez