Les deux attentats terroristes, qui ont coûté la vie à deux militaires canadiens, ont nourri l'amalgame entre islam, islamisme et terrorisme, notamment sur les médias sociaux. Il fallait donc lever les équivoques, aux yeux des organisations communautaires musulmanes. Celles-ci ont organisé, lundi soir, une table, ronde sur le sujet avec le thème générique "Violence au nom de l'islam : quels impacts sur les communautés musulmanes et quelles actions entreprendre ?" Le groupe Médias Maghreb, le Congrès maghrébin au Québec (CMQ) et l'Association des musulmans et des Arabes pour la laïcité au Québec (Amal-Québec) ont mis le doigt sur la plaie pour justement avertir contre la stigmatisation des musulmans qui prend forme à chaque fois qu'un attentat terroriste est perpétré. "Pourquoi faut-il que les musulmans du Québec et du Canada paient pour des fanatiques qui portent atteinte à l'islam", s'est interrogé d'emblée Abdou Zirat de M. Télé. Une intervenante, qui dit ne pas comprendre le raccourci qu'on fait entre islam et violence terroriste, a dénoncé "la prise d'otage de la religion" par des criminels. Tout en dénonçant les actes terroristes, Lamine Foura a estimé, pour sa part, que les hommes de religion, notamment les imams, se doivent de faire un effort pédagogique afin de clarifier la position de la religion par rapport aux actes de violence. D'autres intervenants ont soulevé la question de la place de l'islam dans l'espace public. Pour beaucoup, les musulmans sont les premières victimes du terrorisme islamiste. En revanche, l'attaque du Parlement à Ottawa ne doit pas prêter le flanc à une dérive sécuritaire, avertit un député fédéral lors des débats. Le gouvernement conservateur a déposé, lundi, un projet de loi qui vise à augmenter les pouvoirs de la police fédérale et du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) pour lutter contre le terrorisme. Le Canada ne veut pas rester passif devant la menace terroriste. "Nous allons proposer des mesures concrètes pour lutter contre les radicalistes, contre les terroristes, contre les islamistes et contre ceux qui veulent attaquer le Canada", a déclaré le ministre de la Sécurité publique devant les députés. Il reste que l'avertissement de la communauté musulmane contre la stigmatisation tombe sous le sens. En effet, le jour même de la table ronde, un ancien élu municipal en Mauricie, qui était à l'origine d'un code de conduite particulièrement xénophobe, a suggéré la fermeture temporaire des mosquées du Canada, en réaction à la fusillade d'Ottawa et à l'attaque contre les militaires à Saint-Jean-sur-Richelieu. La montée au créneau de la communauté musulmane se veut aussi une réponse au Premier ministre du Québec, Philippe Couillard, qui a sollicité l'aide des musulmans du Québec pour prévenir la radicalisation des jeunes tentés par le jihad islamique. Les deux auteurs des attentats de la semaine dernière étaient convertis à l'islam. Ils avaient comme projet de rejoindre l'Etat islamique en Syrie, avant de se voir confisquer leur passeport par les autorités canadiennes. Y. A.