Le souvenir de l'éruption du volcan qui bouleversa la région de Siga et la ruina à la fin de l'année 241 (J.-C.) est resté dans les traditions, mais d'une manière indécise, lointaine, vague et confuse. Ce fait historique est fort peu connu et on en ignore aujourd'hui ses douloureuses particularités. Les historiens ne savent qu'approximativement avec quelle violence elle se produisit, quels désastres elle occasionna et le nombre considérable de victimes dont on eut à déplorer la perte. Vers le début de l'année 241 (J.-C.), des émanations sulfureuses accompagnées de secousses intermittentes avaient eu lieu et des bruits sourds de magma étaient venus gronder sur le plateau volcanique de Siga (Aïn Témouchent), capitale occidentale de la Numidie, laquelle opposa une farouche résistance à la l'invasion romaine. tout à coup, de légers mouvements oscillatoires se firent sentir, accompagnés d'un grondement sourd, pareil au roulement d'un tonnerre lointain. Le volcan venait de se réveiller. Des éboulements gigantesques de lave envahirent les habitations qui craquèrent brusquement. La population, saisie d'épouvante, chercha les moyens de se dérober aux mouvements désordonnés du volcan qui crachait violemment des vapeurs, des pierrailles, des cendres et des laves. Sur cette scène de désolation, plus de 2000 personnes ont péri en moins de 15 minutes, les deux tiers furent probablement enterrés vivants. Pour compléter l'horreur de cette nuit fatale, le feu que renfermaient les habitations se propagea dans les pièces de bois se trouvant dans les décombres et consuma en grande partie les rares demeures qui avaient pu résister au déluge. Par le fait de cette convulsion volcanique, presque toutes les habitations alentour de l'antique Siga furent détruites et ne présentèrent plus qu'un amas de décombres fumants, sous lesquels gémissaient 2000 créatures humaines, ensevelies sous les énormes coulées de lave. La disette et la famine se faisant sentir, les rescapés se constituèrent en groupes, parcourant les décombres et procédant à des pillages systématiques. B. G.