La tension est montée encore d'un cran, hier, dans certaines localités de la vallée de La Soummam, théâtre d'affrontements violents. Des grèves générales et des journées sans circulation sont prévues à partir d'aujourd'hui. Les localités de Tinebdar, d'El-Flaye, de Tibane, de Seddouk, d'Amalou, d'Aït R'zine, de Semaoune et Beni Djellil ont été le théâtre d'émeutes, commencées la veille au cours desquelles au moins une vingtaine de personnes ont été blessées. C'est Tinebdar qui a enregistré les incidents les plus marquants, du fait des heurts qui s'y sont succédé, et de leur durée dans le temps. Depuis l'arrivée des renforts des CNS aux frontières de la commune, lundi à minuit, les affrontements se sont multipliés, ne s'arrêtant que vers 6 heures du matin. Le répit a donné l'occasion aux sages de la localité pour aller négocier, à la daïra, le retrait de la police. Ce qui a été obtenu, assorti, toutefois, de l'option de maintenir sept éléments sur place, juste pour assurer la sécurité de l'édifice. Ultérieurement, le retrait s'est opéré dans le calme. Aussitôt le mouvement effectué, des citoyens se sont précipités pour creuser des tranchées à l'entrée de l'agglomération, en prévision, d'un éventuel retour surprise. Vers 1 heure du matin, cependant, le convoi est revenu, relançant les hostilités, qui ont duré près de trois heures. Hier mardi, en début de matinée, un impressionnant cortège a été formé, composé entre autres, d'une quinzaine de fourgons, de trois chasse-neiges et d'un poclain à l'aide de quoi les tranchées ont été remblayées, et dont la force a permis non seulement de s'introduire dans la localité, mais aussi de réoccuper le siège de l'APC. Les affrontements ont aussitôt repris. La précipitation des événements a contraint la population à se réunir, en présence de tous les comités de villages, des délégués des archs et des représentants des partis politiques, décrétant unanimement son rejet des élections. La kasma du FLN et la section locale du FFS ont soutenu cette option, en déclarant publiquement et sur l'honneur se “retirer définitivement des élections du 10 octobre”. À Seddouk, située en face, sur la rive sud, des troubles se sont produits, avec une intensité particulière en fin de matinée. Des jeunes en colère, tentant de fermer l'APC, ont essuyé la riposte des CNS, intervenus avec une foison de grenades lacrymogènes. Une situation identique a été signalée à Semaoune où les heurts ont fait au moins cinq blessés atteints de balles en caoutchouc. Tous ont regagné, cependant, leur foyer après avoir bénéficié de soins médicaux à la polyclinique de la localité et à l'hôpital d'Amizour. Il est à noter que plusieurs délégués de la CICB ont été arrêtés, suite à des dépôts de plaintes. Parmi eux, figurent Salhi Abdennour et Kherbachi Nacer, militants à Seddouk ainsi que D. Makhlouf de Takerboust (Bouira). Cette situation a causé, par ailleurs, une cascade de retraits de candidats des listes électorales, notamment du FFS. Ainsi, outre le cas de Tinebdar, assumé publiquement, il est signalé des démissions collectives à Tibane, et à Boudjellil. L. D.