Il faut lire dans les grimoires et décoder les étoiles pour prédire l'évolution de la situation aujourd'hui, demain et celle d'après... «On ne comprend rien», c'est la phrase récurrente chez la plupart des citoyens rencontrés, hier, à Béjaïa. Dans la matinée, aucun incident n'a été signalé. Les Béjaouis ont vaqué le plus normalement du monde à leurs occupations. Les cafétérias, le transport, les boulangeries et les magasins ont fait fi de l'appel à la grève lancé par les ârchs. «Je travaillerai jusqu'à ce qu'on me place une barricade sur la route», lance un chauffeur d'un fourgon de transport public. Autrement dit, jusqu'à ce qu'on l'arrête de force. La même tendance se retrouve aussi chez les commerçants rencontrés. «On en a marre de faire la grève trois fois par semaine», s'est insurgé le gérant d'une boulangerie. Jusqu'à midi, durant la journée d'hier, la ville de Béjaïa était calme. Mais la suspicion, la peur et la pression étaient perceptibles chez les gens, le calme semble ainsi très pesant. «Ce n'est qu'une face cachée de la ville, car la situation risque de dégénérer à tout instant», déclare un citoyen pressé de rentrer chez lui. En effet, vers 14 h, les commerçants ont commencé à baisser rideau en voyant des enfants d'à peine dix ans, habitant la cité CNS, s'attaquer avec des pierres à des policiers parqués, en grand nombre, nous indique-t-on, dans l'enceinte de la wilaya. Un commerçant affirme qu'il n'est ni sommé ni menacé par quiconque de fermer. «Je réagis par peur qu'il y ait des débordements», déclare-t-il. Les gamins lâchés par leurs parents, qui semblent se plaire dans ce spectacle, ont ensuite dressé quelques barricades et brûlé quelques pneus au centre-ville. L'intervention de la police s'est faite très discrètement: après avoir dégagé la route, elle s'est repliée dans sa caserne. Ainsi au calme pesant de la matinée a succédé une tension. Il est évident que cet état de fait a été provoqué au chef-lieu de la wilaya de Béjaïa. Certains affirment que, voyant le calme régner, les ârchs, appuyés par des militants du RCD, ont actionné le foyer le plus récalcitrant de la ville de Béjaïa, la cité CNS. Par ailleurs, des incidents violents ont été signalés à Seddouk où il y a eu l'arrestation de deux délégués et plusieurs blessés du côté des manifestants et des policiers. A El-Kseur, tous les axes menant vers cette ville ainsi que la Route nationale ont été bloqués par des barricades. Dans la même ville, 4 individus ont été arrêtés alors qu'ils s'adonnaient à des actes de sabotage. On signale également que des escarmouches ont eu lieu à Akfadou. A Tazmalt, un véritable bras de fer a été engagé entre la section locale du FFS et les ârchs. Ces derniers ont animé un meeting dans la nuit d'avant-hier où ils ont appelé à une grève générale. Les militants du FFS, réagissant à l'appel, ont sillonné la ville avec un mégaphone, appelant les commerçants à ouvrir leurs locaux. En définitive, toute la côte Est de la wilaya de Béjaïa n'a pas répondu au mot d'ordre de grève lancé par les ârchs. En revanche, l'ex-daïra de Sidi Aïch (la vallée de la Soummam), Akfakou, Chemini, Tifra, Sidi Aïch, Tinebdar, Souk Oufella, Seddouk et Semaoun, ont été presque paralysés dans la journée d'hier. A Akbou, la grève a été partiellement suivie. C'est la confusion totale qui règne à Béjaïa. Il faut lire dans les grimoires et décoder les étoiles pour connaître l'évolution de la situation durant la journée d'aujourd'hui.