Outre la région ouest, les frontières sud, à partir d'El-Oued jusqu'à Tamanrasset, sont également devenues des zones de passage de la drogue, d'où elle est écoulée vers la Tunisie et surtout la Libye avant d'être expédiée vers l'Italie et d'autres pays d'Europe. La wilaya d'El-Oued apparaît comme un lieu de prédilection des barons de la drogue, dont la plupart agissent sous le couvert d'activités-écran (sociétés d'import-export, industrielle et autres) en raison de sa proximité avec les frontières. La drogue acheminée initialement à partir de Maghnia, une fois arrivée à El-Oued, est expédiée vers la Tunisie et la Libye, via Ouargla et le poste frontalier de Deb-Deb où sont implantés d'autres membres de réseaux chargés de sa réception. Ces réseaux opèrent avec des véhicules tout-terrains très bien équipés où sont aménagées des caches de drogue difficilement repérables. Les habitants de la bande frontalière sont utilisés, moyennant de fortes sommes d'argent, comme passeurs pour acheminer la marchandise en territoire tunisien. les barons de la drogue utilisent également des conducteurs connus des services de la PAF et des douanes pour éloigner les soupçons. Cette enquête a permis, par ailleurs, de vérifier l'interconnexion entre les trafiquants de drogue et les groupes terroristes activant dans le sud sous la houlette de l'émir du GSPC pour cette région, Mokhtar Benmokhtar. Chaque organisation apporte à l'autre, dans le sens d'intérêts mutuels bien compris et bien partagés. Ainsi, l'émir du GSPC serait même le pourvoyeur en armes de cette organisation. Il aurait notamment remis, il y a quelques mois, une cargaison d'armes à Abderrezak le Para dans la région de Tébessa. L'interconnexion avec la filière du trafic des cigarettes de marques étrangères est également avérée. La lutte contre ce fléau nécessite la mobilisation de gros moyens de l'Etat, mais pour le moment les choses semblent patiner, confie un responsable au fait de ce dossier. Elles peuvent connaître une sérieuse évolution avec la mise en place prochaine de l'office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie. Cet organisme créé, en fait, depuis juin 1997, est resté, depuis, en veilleuse. Mais le danger croissant de la drogue a poussé les responsables concernés à accélérer son installation. Il aurait été confié à l'ancien président du tribunal militaire de Blida, qui était en poste lors du procès des dirigeants du FIS. A. C.