D'origine algérienne, Yazid Sabeg dirige CS-Communication systemes. Coté au premier marché de la Bourse de Paris, ce groupe français est spécialisé dans les hautes technologies et la défense. Yazid Sabeg est également fondateur et président de la “Clé”, un groupe de réflexion composé de plusieurs membres de l'élite française d'origine maghrébine. Liberté : Nicolas Sarkozy vient d'achever une visite officielle de deux jours en Algérie. Quel sens donnez-vous à ce déplacement ? Yazid Sabeg : Je crois qu'il s'agit d'une visite très importante. D'abord, au regard de la personnalité de Nicolas Sarkozy qui est l'un des hommes politiques les plus influents en France. Ensuite, une visite ministérielle de ce niveau constitue un signe important de la bonne tenue des relations entre la France et l'Algérie, qu'elle soit politique ou économique. Ces dernières connaissent, d'ailleurs, depuis quelques mois, une véritable embellie qui est appelée à se poursuivre. Pour les chefs d'entreprise française, le marché algérien est-il important ? C'est un marché à fort potentiel de développement. Mais c'est un marché très concurrentiel sur lequel sont très actifs tous les grands pays industrialisés. L'Algérie est un pays qui s'équipe beaucoup. Les dépenses d'équipement sont en train de prendre le pas sur les dépenses de commerce courant. Le pays va également redémarrer une politique d'investissement. Malheureusement, les échanges entre la France et l'Algérie restent à un niveau en deçà de ce qu'ils devraient être. Les Français pourraient par exemple, réinvestir rapidement des domaines d'où ils sont évincés comme l'énergie. Ils pourraient également renforcer leur présence dans d'autres domaines comme l'hydraulique, les transports, I'automobile, la distribution et la banque. Des secteurs qui ont besoin d'être développés rapidement en Algérie. Certains reprochent au gouvernement de ne pas utiliser la manne pétrolière pour mettre en place de véritables réformes structurelles en vue d'avoir une économie moins dépendante du pétrole... Je crois que les grandes réformes restent à faire en Algérie. Mais, il faut les faire sans provoquer de dégâts sociaux. C'est très important d'épargner les populations les plus faibles qui ne peuvent pas supporter une série de changements. La France peut justement aider l'Algérie dans leur mise en place dans de bonnes conditions. Nous avons l'expertise nécessaire dans presque tous les domaines. D'ailleurs, plusieurs groupes français, déjà présents en Algérie, détiennent des positions de leaderships mondiaux dans leur domaine. Avec 35 milliards de dollars dans les caisses, que feriez-vous si vous étiez à la place du ministre algérien des Finances ? Je financerais une vaste politique d'extension. Parce qu'elle serait de nature à favoriser la petite industrie, les services, les infrastructures... Elle aura un impact positif sur le chômage et sur la stimulation de la demande intérieure, donc sur l'investissement. Vous dirigez “La Clé”, un Think tank (club de réflexion) maghrébin à Paris. Que peuvent faire les membres de l'élite française d'origine algérienne pour contribuer à la reconstruction de l'Algérie ? Je pense qu'une fraction de cette élite, les médecins et les ingénieurs par exemple, sont prêts à aider l'Algérie à aller de l'avant en développant ses capacités scientifiques. À l'image de ce qu'ont fait les Irlandais et les Polonais d'Amérique vis-à-vis de leur pays. Aujourd'hui, je crois que tout le monde est disponible pour cette démarche. Il suffit de la mettre en place. L. G.