Il y a ceux qui, tout en reconnaissant que les politiques d'intégration des trente dernières années n'ont pas abouti, soutiennent que seule l'égalité des chances permet à chaque Français, quelle que soit son origine, de réussir son intégration dans la société française. Il y a ceux qui, comme Nicolas Sarkozy, préconisent la discrimination positive. La discrimination positive, inspirée de l'Affirmative action américaine, est très controversée. Dans un livre Discrimination positive. Pourquoi la France ne peut y échapper (éditions Calmann Levy), Yazid Sabeg et son frère Yacine expliquent les enjeux du débat. Yazid et Yacine Sabeg sont fils d'un docker algérien venu en France en 1952. Yazid est industriel, PDG de Communications et systèmes. Il appartient à l'institut Montaigne, un cercle de réflexion, créé par Claude Bébéar, sur les problèmes de société. Yacine est journaliste, PDG de la chaîne câblée Demain. « L'assimilation des enfants d'immigrés est fondée sur l'oubli des origines, et dans le même temps ils sont renvoyés à leurs origines, en se faisant désigner Français d'origine maghrébine », a souligné Yazid Sabeg dans une présentation de son livre à la presse. « Pour corriger des inégalités, on préfère viser des territoires plutôt que des personnes. » Yazid Sabeg parle de « modèle républicain périmé car il ne convainc plus, il ne suffit plus à susciter l'adhésion nationale. Les discriminations à l'embauche atteignent des niveaux gigantesques. Avec les départs à la retraite, on va au devant de graves problèmes, la relève n'a pas été préparée. Si on ne réagit pas vite, on court le risque d'une France à deux vitesses. » Selon le chef d'entreprise, la discrimination positive implique une obligation de résultat, un volontarisme. Il soutient que la discrimination positive n'a pas pour objet de régler tous les problèmes, mais d'introduire de l'équité. « Nous avons à qualifier les inégalités pour les corriger », dit-il encore, ajoutant qu'« il faut s'attaquer aux problèmes de la diversité, de la représentativité. Je me situe très clairement comme un véritable républicain français. Je suis Français avec des racines en Algérie. Mon pays, c'est la France. Je suis assimilé, mais je ne le serai complètement que le jour où mon fils ne se posera plus de question sur ce qu'il est. » Yazid Sabeg estime que « sur les quotas, il n'y a pas de tabou » « La France en fait tous les jours : handicapés, femmes... Il ne faut pas avoir peur des mots. Je ne suis pas pour les quotas, la discrimination positive n'en impose pas. »