Cette fin de semaine a été catastrophique pour les habitants et exploitants des wilayas de Guelma, Mila, Constantine, Oum El-Bouaghi et, en particulier, Ghardaïa qui a enregistré 5 décès par noyade. Les intempéries semblent s'installer dans la région est du pays. Ces dernières 72 heures, la colère du ciel a fait des morts dans la wilaya de Ghardaïa, a détruit l'avenir économique de milliers de fellahs du constantinois et des Aurès, alors que les professionnels du tourisme de la côte, voient déjà leur saison estivale ratée. À Ghardaïa, la nuit de mardi à mercredi a été apocalyptique. En l'espace de 20 minutes, 40mm de précipitations ont été enregistrés. Les pluies torrentielles ont emporté avec elles 18 personnes. Si 13 d'entre elles ont pu être repêchées à temps, 5 personnes ont laissé, malheureusement leur vie. Au pays du M'zab, la population n'est pas habituée à ce genre de précipitations, même durant la saison des pluies. Les derniers développements climatiques ont été vécus dans l'horreur. On craint le pire lors des prochaines heures si le ciel ne s'éclaircit pas, car aussi bien l'architecture que l'organisation de la cité dans cette région “saharienne” ne prennent pas en considération ce genre de situation climatique. À Oum El-Bouaghi, les services de l'agriculture ont enregistré durant les dernières 48 heures l'avarie de 17 000 hectares de récoltes. On y compte, en plus des céréales, les fruits de saison. Pour cette région, dont l'économie est la principale activité, on pense déjà et sérieusement à la gestion des suites de ce séisme économique. À Batna, des chutes de grêlons ont été enregistrées, hier, en début de journée. Les premières estimations donnent des milliers d'hectares de céréaliculture avariés. Selon notre correspondant à Batna, M. Bourki, les dernières averses qu'a connues la wilaya ont contribué au remplissage, de moitié, du barrage de Koudiat-Mdour. Cette bonne nouvelle est accompagnée d'une autre mauvaise, à savoir, les risques d'électrocution à cause de la présence à la hauteur des eaux de pilons de haute tension. À Guelma, en plus de la destruction de plusieurs champs de céréales, notamment à Oued-Zenati, l'un des greniers du pays, une vingtaine de maisons se sont partiellement effondrées à cause de l'infiltration des eaux. À Constantine et Mila, les deux wilayas habituées à offrir à l'économie agricole nationale les meilleurs rendements à l'hectare en céréaliculture, c'est une véritable catastrophe qui guette les professionnels. “La pluie est bonne, certes, mais pas hors saison et avec de tels niveaux de précipitation”, nous expliqua un cadre de la direction de l'agriculture de Constantine. Depuis lundi, des dizaines de familles habitant des régions à risques dans ces deux wilayas du constantinois, passent leur nuit dehors, de peur d'être ensevelies sous les décombres de leur demeure menacée, qui par l'effet de vétusté du bâti, qui par l'effet de glissement du terrain. Hier, à midi, les services de la protection civile ont enregistré dans les deux localités 54 interventions. “Les services de la protection civile de Mila, qui surveillent de près plusieurs quartiers et édifices publics, ont été obligés de déloger un centre d'examen du BEF”, nous a confié, hier, un officier de la protection civile. En plus de l'agriculture, les intempéries de ces derniers jours ont aussi de graves répercussions sur l'activité touristique. Dans les villes côtières, c'est la saison estivale qui tarde à se pointer. Cafetiers, restaurateurs et hôteliers de Annaba, de Jijel et de Skikda enregistrent malgré eux un net recul des recettes par rapport à la même période de l'année passée. Pour un directeur d' hôtel à Skikda, joint par téléphone : “si les intempéries persistent, c'est une véritable catastrophe. Une saison estivale n'est réussie que si on réalise un bon mois de juillet, or ce dernier s'annonce plutôt mauvais.” Aujourd'hui, jeudi, à Collo, la ville procédera à l'ouverture officielle de la saison estivale alors que les plages sont désertes. Faute de soleil, c'est un ciel en deuil qui est au rendez-vous. Hier, au moment où nous mettions sous presse, des pluies fines continuaient de tomber sur Constantine sans halte depuis la veille. Selon les services de la météo, ce n'est qu'à partir d'aujourd'hui que la situation commencera à se normaliser si, entre- temps, de nouvelles perturbations ne viendront pas chambouler les données météorologiques. M. K. Bulletin météorologique spécial L'activité pluviorageuse à l'Est du pays continue d'affecter la région L'activité pluviorageuse, qui touche l'Est du pays depuis lundi, continuera d'affecter cette région jusqu'à ce matin, annonce l'Office national de la météorologie (ONM). Dans un bulletin météorologique spécial, l'ONM précise que les wilayas d'Oum El-Bouaghi, Souk-Ahras, Khenchela, Batna, Tébessa, Guelma, Constantine, Mila, Sétif, Skikda, Annaba et El-Tarf sont concernées par ces perturbations. Le cumul estimé dépassera localement 30 mm durant la période de validité du bulletin — soit du mercredi 16 juin à 15h au jeudi 17 juin à 6h —, souligne la même source qui prévoit, par ailleurs, des rafales de vent sous orages. APS.