Une passe décisive et un doublé contre la Croatie (4-2), son deuxième en deux matches, ont fait de Wayne Rooney le nouveau héros de l'Angleterre, qualifiée pour les quarts de finale de l'Euro 2004 de football et qui ne doute plus de rien, à l'image de son petit prodige de 18 ans. Lundi à Lisbonne, dans l'ultime journée du groupe B, les Anglais ont été virtuellement éliminés pendant 35 minutes après l'ouverture du score croate (5'). Mais Rooney est arrivé : une passe de la tête pour l'égalisation de Scholes (40'), un but plein de culot sur une frappe lointaine, cinq minutes après, puis un doublé pour le 3-1 (68'), juste avant sa sortie sous une énorme ovation. Du coup, les dithyrambes n'ont pas tardé à pleuvoir sur le jeune attaquant, déjà auteur d'un doublé contre la Suisse et qui mène le classement des buteurs (4 buts). Son sélectionneur, Sven Goran Eriksson, l'a comparé au Pelé du Mondial 58, estimant qu'il méritait “les unes des journaux”. “Il est fantastique, a l'instinct du buteur et un jeu complet”, a poursuivi le Suédois. “Il n'y a pas mieux en Europe en ce moment”, s'est quant à lui exclamé Steven Gerrard, tandis que David Beckham a affirmé : “Rien ne le perturbe. C'est difficile d'imaginer qu'il n'a que 18 ans.” La presse anglaise, elle, n'en a plus que pour “Ronaldo”, soulignant à juste titre que sa principale force est de ne jamais douter, d'oser et de ne pas connaître la peur. “On peut dire que c'est un tournoi spectaculaire pour moi”, a, quant à lui, lâché le musculeux et peu loquace Rooney. Pour autant, le “scouser” (surnom des habitants de Liverpool) va passer un autre test d'importance, jeudi en quarts contre le Portugal. Au stade da Luz, celui où le prodige d'Everton a terrassé la Croatie, les Anglais affronteront le pays organisateur pour une place en demi-finale, devant un public hostile. Âge tendre et tête de bois, Rooney a parfois tendance à s'emporter. Eriksson l'a d'ailleurs sorti lundi pour éviter qu'il ne prenne un deuxième avertissement au premier tour, qui l'aurait privé de quarts. Jeudi, Rooney devra prendre garde à ce que la fougue de ses 18 ans, un énorme avantage pour son équipe jusqu'à présent, ne se transforme pas en un inconvénient majeur. “Son caractère n'est pas un problème, il fait sa force et vouloir le changer serait dangereux”, a tempéré Eriksson. En outre, si tous les regards sont braqués sur Rooney, le Suédois a encore quelques réglages à affiner. Lundi, Beckham a été transparent et Owen, bien que passeur sur le deuxième but de Rooney et impliqué dans les deux premiers de sa sélection, n'a toujours pas marqué. Pour sa part, le sélectionneur croate Otto Baric a honnêtement affirmé que l'élimination de son équipe était “logique” et a jugé que “l'Angleterre (serait) difficile à battre”. Evoquant Rooney, il a reconnu que c'était “un excellent footballeur”, mais a réfuté le terme de “phénomène”. “Il y a au moins dix joueurs en Europe qui peuvent l'arrêter”, a conclu le Croate. On saura jeudi si les Portugais Ricardo Carvalho, Fernando Couto ou Jorge Andrade font partie de la liste. Programme Groupe D Pays-Bas-Lettonie à 19h45 Allemagne-Rep.Tchèque à 19h45