Le passage de témoin de l'ex-administrateur civil américain Paul Bremer à l'équipe de Iyad Allaoui, avec deux jours d'avance et en catimini, continue de susciter des réactions de satisfaction au sein de la communauté internationale. Signe concret de cette passation de pouvoir : l'ambassade américaine à Bagdad a publié lundi un communiqué pour annoncer le rétablissement des relations diplomatiques entre les Etats-Unis et l'Irak, rompues depuis 1991 après le début de la première guerre du Golfe. Le Koweit a annoncé également qu'il rétablirait ses relations diplomatiques avec l'Irak, rompues depuis son invasion par l'armée de Saddam Hussein en 1990, dans un communiqué publié mardi à Koweit. L'ambassadeur américain John Negroponte est arrivé sur place lundi, prenant la succession de Paul Bremer, parti quelques heures plus tôt. À l'occasion de sa prestation de serment au département d'Etat comme nouvel ambassadeur, M. Negroponte 64 ans, avait déclaré vouloir orienter la tendance des événements dans ce pays "dans la bonne direction" et "donner le pouvoir aux Irakiens d'assumer de plus en plus de responsabilités". La reconstruction de l'Irak est "un projet qui prendra de nombreux mois et de nombreuses années", avait ajouté l'ancien ambassadeur américain à l'Onu. Sa mission sera particulièrement lourde et complexe dans un pays plongé dans la violence. "En termes de magnitude, c'est le plus grand défi que j'ai eu à relever", a-t-il reconnu. Il sera à la tête d'une énorme ambassade, comptant un personnel de 1 700 employés dont jusqu'à un millier d'Américains. Malgré le transfert de souveraineté, les Etats-Unis vont garder au cours des prochains mois un rôle prédominant en Irak dans tous les domaines, militaire, économique ou politique, au risque de frictions avec le nouveau pouvoir. Avec quelque 130 000 soldats, les Américains continuent de représenter près des neuf dixièmes des forces étrangères en Irak, sans lesquelles le fragile gouvernement intérimaire n'aurait que de piètres chances de survie. Le président Bush a promis que ces forces resteraient en Irak "aussi longtemps qu'il le faudra pour assurer la stabilité" du pays, une perspective qui risque d'être encore lointaine. L'Otan, la première alliance militaire du monde, s'est engagée à aider à la formation des forces de sécurité irakiennes, mais aucun renfort significatif de soldats d'autres pays n'est attendu pour prêter main-forte aux GI's en Irak. Après avoir prêté serment, M. Allaoui a annoncé que son gouvernement allait prendre une série de mesures d'urgence pour tenter de rétablir la sécurité. Il s'est engagé à traduire en justice tous les combattants étrangers et a demandé aux anciens membres du parti Baas de ne pas rejoindre les rangs de la guérilla. R. I./A. Prison d'Abou Ghraïb Quelque 250 détenus irakiens libérés Près de deux cent cinquante détenus irakiens ont été libérés hier par l'armée américaine de la prison d'Abou Ghraïb dans l'ouest de Bagdad, au lendemain du transfert de souveraineté aux autorités irakiennes. Trois bus, remplis de détenus des provinces de Diyala (nord de Bagdad) et de Taâmim, plus au nord, sont sortis de la prison vers 10h (6h GMT), devant laquelle attendait des dizaines de proches et de parents. Deux autres ont suivi, dix minutes après, avec des prisonniers originaires de la province de Bagdad qui comprend la capitale et ses environs.