Rescapés de l'Euro 96 où ils se révélèrent avant de s'incliner en finale, les trentenaires Poborsky, Nedved et Smicer sont les seuls rescapés de cette épopée présents avec la République tchèque à l'Euro 2004 de football où ils ont l'occasion unique de s'offrir enfin un titre et une revanche. 30 juin 1996 à Wembley : l'Allemagne s'impose en finale de l'Euro 96 (2-1 au but en or) privant les Tchèques d'un sacre européen. Inattendue à ce niveau, trois ans après s'être séparée de la Slovaquie, la sélection tchèque frappe un grand coup. Au sein de celle-ci, on remarque un véloce ailier droit, Karel Poborsky, un inépuisable et fougueux milieu gauche, Pavel Nedved, ainsi qu'un attaquant prometteur, Vladimir Smicer. Huit ans plus tard, ces trois là sont toujours présents dans la sélection qui s'apprête à défier la Grèce, jeudi, en demi-finale de l'Euro à Porto. À 32 ans, Nedved, capitaine et Ballon d'or 2003, ainsi que Poborsky, recordman tchèque de sélections (1998), sont titulaires dans la très offensive formation qui s'illustre au Portugal. Victime de l'ascension de Milan Baros, Smicer, 31 ans, se contente, lui, du rôle de joker. À l'image des Portugais Figo et Rui Costa ou des Néerlandais Van der Sar et Davids, autres trentenaires qui devaient s'affronter dans la première demi-finale mercredi prochain, ces trois joueurs sont issus d'une génération exceptionnelle mais qui n'est jamais parvenue à s'offrir une consécration internationale. Après un Euro-96 plein de promesses, les Tchèques ont en effet loupé les Mondiaux 1998 et 2002. À l'Euro 2000, après un excellent parcours qualificatif, ils ne parvinrent pas à sortir d'un groupe comprenant la France, les Pays-Bas et le Danemark. En 2001, l'élimination par la Belgique (0-1, 0-1) en barrages du Mondial asiatique fut particulièrement mal vécue, Nedved hésitant sur le coup à mettre un terme à sa carrière internationale. Mais arriva l'homme providentiel, Karel Brueckner. En mélangeant habilement ces trentenaires avec une nouvelle génération regorgeant elle aussi de talents et championne d'Europe espoirs en 2002 (Cech, Grygera, Baros), le sélectionneur a fait de l'équipe tchèque une redoutable machine à gagner, en témoigne son impressionnant parcours qualificatif : 7 victoires et 1 nul, première place du groupe devant les Pays-Bas, le tout conjugué à une série de vingt matches sans défaite entre fin 2001 et le 31 mars dernier (défaite 2-1 en amical face à l'Eire). Relancés, les Tchèques sont désormais les grands favoris de l'Euro 2004. Un statut que les anciens, exemplaires depuis le début de la compétition (3 passes décisives pour Poborsky notamment), entendent bien assumer jusqu'au bout. Après tant de ratés, c'est certainement là une de leurs dernières occasions de remporter un titre et de s'en aller en beauté. Rien n'indique, en effet, qu'ils voudront prolonger jusqu'au Mondial 2006. Mais l'époustouflant parcours qu'ils réalisent actuellement peut aussi les inciter à prolonger leur bail. Raison de plus pour soulever la coupe le 4 juillet à Lisbonne.