La “génération dorée” de Luis Figo ne sera plus qu'un souvenir après la finale de l'Euro-2004 de football, mais le Portugal a déjà trouvé en Cristiano Ronaldo un héritier, de la “génération diamant”, référence à ses boucles d'oreille. Le jeune ailier, 19 ans, est un phénomène. Des dribbles déroutants, deux pieds magiques, du culot — parfois trop —, Cristiano Ronaldo, la nouvelle étoile du Portugal, prêt à prendre la relève sur le terrain ; et dans les cœurs, de Figo qui pourrait renoncer à la sélection après l'Euro. Au début du tournoi, Cristiano Ronaldo est cantonné au rôle de remplaçant qui est le sien depuis sa première sélection, le 20 août dernier contre le Kazakhstan (1-0). Il entre en jeu contre la Grèce, le 12 juin en ouverture, avec un résultat mitigé : il concède le penalty du 0 à 2, mais réduit le score à 1 à 2 pour son premier but international. Puis il dispute la fin du match contre la Russie, le temps de faire une passe à Rui Costa pour le 2 à 0. Luiz Felipe Scolari a reçu le message : Ronaldo est titulaire à partir du match contre l'Espagne, ce qui lui a permis de marquer son deuxième but en sélection, en demi-finale, contre les Pays-Bas battus 2 à 1. Les passages de relais, le successeur pressenti de Figo connaît. Il a pris celui de David Beckham sous le maillot N°7 de Manchester United l'été dernier. Alex Fergusson, qui a l'œil pour repérer les jeunes talents, le suivait depuis quatre ans ! Et son excellente prestation avec le Sporting Portugal, en août contre les Red Devils pour l'inauguration du nouveau stade Alvalade de Lisbonne, avait convaincu l'Ecossais de le recruter pour 17,35 millions d'euros. “Il n'y a aucun doute : il a plus de potentiel que n'importe qui d'autre en Europe”, affirme Ferguson qui, en entraîneur d'expérience, l'a utilisé avec parcimonie cette saison: “Il est jeune, il faut le ménager.” Beckham, lui, avoue d'abord qu'il ne connaît pas le Portugais, avant de s'enthousiasmer quelques semaines après : “George Best, Bryan Robson et Eric Cantona ont tous porté le numéro 7 et c'était important de le confier à quelqu'un de spécial comme lui.” Pourtant, la saison du jeune homme n'a pas été toute rose. En Angleterre, on lui a reproché ses dribbles sans fin et la presse l'a surnommé le “poney de cirque”. Moue arrogante et look de petite frappe, Cristiano Ronaldo, qu'un récent sondage a désigné comme le joueur préféré de la communauté homosexuelle portugaise, a vite répliqué : “On m'accuse d'individualisme, mais je suis à Manchester pour cette raison. Parfois, le collectif prime mais souvent c'est l'individuel qui fait la différence.” Manifestement, les supporteurs mancuniens sont d'accord : ils l'ont désigné joueur de l'année après son but contre Millwall en finale de la Cup, fin mai. De son côté, Scolari l'avait tancé en avril après qu'il eut quitté un entraînement : “C'est un inconnu pour moi. Un joueur qui se donne à fond en club doit faire pareil en sélection.” Mais, il y a quelques jours, le Brésilien louait la maturité nouvelle de son prodige : “La manière dont il a évolué cette saison avec Manchester et la sélection est spectaculaire.”