Il sont 164 employés au chômage depuis le 30 juin dernier. Finalement, les multiples requêtes adressées aux autorités concernées se sont révélées comme un prêche dans le désert : les 164 travailleurs du groupement Berkine (association Sonatrach-Anadarko), dont les contrats, passés avec les sociétés de mise à disposition du personnel avaient expiré le 30 juin dernier, n'ont pas été retenus par leurs employeurs. Mis au chômage depuis le 1er juin dernier, ils ne savent plus désormais à quel saint se vouer. Avant-hier encore, une trentaine parmi ces travailleurs s'est vue “refoulée” du perron du Palais du gouvernement. “Ils ont refusé de nous recevoir ; un officier nous a demandé d'aller voir avec notre tutelle”, a expliqué, hier, un des membres de la délégation qui s'est présenté au siège de la rédaction. Comme dans les multiples missives adressées autant aux autorités locales de Ouargla qu'aux hautes autorités du pays comme la chefferie du gouvernement ou encore la présidence de la République, ces travailleurs persistent à crier qu'ils ont été victimes de “l'Apartheid”. En clair, victimes de leur “appartenance géographique”. Un “dégât” charrié aux yeux de beaucoup par la circulaire d'Ahmed Ouyahia. En effet, en date du 14 mars dernier, au lendemain des émeutes qui avaient éclaté dans la ville de Ouargla, à la veille de la visite de Abdelaziz Bouteflika, alors en campagne prématurée pour l'élection présidentielle, le premier responsable de l'Exécutif signe une circulaire dans laquelle il somme les walis de plusieurs wilayas du Sud de geler les activités des compagnies de mise à disposition du personnel et intime l'ordre aux employeurs de passer désormais leurs offres d'emploi à travers l'Agence nationale de l'emploi. Et dans sa substance, il est clairement signifié que la priorité du recrutement doit être accordée aux gens issus des wilayas du Sud, soit Adrar, Ouargla, El-Oued ou Ghardaïa. Du coup, les 164 travailleurs du groupement Berkine dont les contrats expiraient le 30 juin et issus des “wilayas du Nord” ont été libérés au profit de nouvelles recrues qui, elles, sont issues du “Sud”. Dans une lettre datée du 2 juin adressée au Chef du gouvernement, les travailleurs du groupement se sont plaints d'être victimes de la “ségrégation et du régionalisme”. Selon eux, ils ont été victimes de la mauvaise interprétation de la circulaire et avaient accusé alors le wali de Ouargla d'être derrière la décision de “leur mise à l'écart”. Une accusation rejetée d'un revers de main par le premier responsable de la wilaya, lequel soutient que “la décision est concertée”. Une mise à l'écart d'autant plus surprenante, à leurs yeux, qu'ils rappellent à juste titre, avec documents à l'appui, qu'ils jouissent d'une bonne réputation auprès de leurs responsables. Dans une missive en réponse à la circulaire d'Ahmed Ouyahia, un responsable du groupement Mac Liver notait, en effet, que “depuis sa création en 1998, le groupement Berkine s'enorgueillit d'avoir constitué une effectif d'agents de classe mondiale, qui a bénéficié de la meilleure formation et de toutes les opportunités de développement professionnel”. Il ajoute : “Si le changement envisagé dans les procédures de recrutement et évoqué dans votre lettre, était suivi d'effet, cela aurait pour conséquence une perturbation grave de nos opérations pendant la période où il faudra d'abord recruter le personnel et ensuite le former pour atteindre le standard de notre main-d'œuvre actuelle.” Mieux encore, il recommande “fortement” que le groupement Berkine “retienne tout son personnel” sous-traité “actuel, qu'il soit professionnel ou non-professionnel”. De son côté, M. Touhami, directeur du centre de production, aurait assuré ces travailleurs qu'“il fera tout pour les récupérer”. Mais en attendant, ces travailleurs attendent toujours un geste d'Ahmed Ouyahia, lequel, à leurs yeux, est le seul à détenir la clé de la solution à leur calvaire… K. K.